samedi 1 décembre 2007

13e envoi : Rajasthan, Agra et Varanasi

13e envoi : RAJASTHAN, AGRA et VARANASI

Delhi
Le train de nuit nous a ramené à Delhi après une bonne douzaine d’heures. Puis il nous fallu traverser la ville en métro pour se rendre au Guest House de l’University of Delhi où nous étions attendus. Nous étions un peu épuisés. Nous nous sommes quand même occupés d’envoyer des boîtes de souvenirs au Québec et de se mettre à jour dans nos courriels. .En Inde envoyer une boîte au Québec c’est toute une aventure. D’abord c’est la fouille, ensuite il faut faire envelopper la boite dans du tissu, lui faire placer des sceaux de cire et finalement se présenter dans un bureau de poste.
Malheureusement, je (Gilles) n’ai pu rencontrer en personne la professeure avec qui j’étais en contact, mais on a quand même conversé au téléphone. Elle nous a fortement conseillé d’aller visiter un temple. Nous avons suivi son conseil. Il s’agit du Swaminarayan Akshardham Temple, un immense temple en marbre d’une beauté exceptionnelle, très propre, ce qui contraste avec Delhi. Jeanne-Mance avait les larmes aux yeux. Non seulement il est d’une beauté à couper le souffle, mais aussi on y retrouve plein d’enseignements fort intéressants notamment autour des éléphants. Par exemple, il y a cette légende des cinq aveugles qui touchent l’éléphant qu’on vous raconte en nos mots.
Le premier qui tient la trompe dit : « il s’agit d’un cobra »;
le deuxième qui tient la queue dit : « Non, il s’agit d’une corde »;
le troisième qui tient une oreille dit : « Vous vous trompez, il s’agit d’une pelle»; le quatrième qui touche une patte dit : « non, il s’agit d’un arbre »;
enfin le dernier qui flatte le côté de l’éléphant dit : « il s’agit d’un mur ».
Le grand sage dit « vous avez tous tort ».
La morale de cette histoire : tant que nous n’avons pas un point d’ensemble, on ne peut prétendre connaître la réalité.
Bref, ce fût notre seule visite de la journée, mais quelle visite! Pour le reste, on en a profité pour se reposer et se mettre à jour.

RAJASTHAN
Tel que convenu avec Pradeep, un chauffeur nous attendait pour effectuer une visite du Rajasthan en une dizaine de jours.
Le Rajasthan est situé à l’ouest de Delhi et longe la frontière avec le Pakistan. C’est une région sèche, en grande partie désertique (45%). Néanmoins, on y retrouve ici et là des petits villages et même de grandes villes. C’est aussi l’une des régions les plus convoitées par les touristes. On y retrouve plusieurs ethnies différentes, hautes en couleurs, et plusieurs villes ont développé leurs spécialités, notamment pour les textiles, les peintures, etc. La route est tantôt tortueuse, étroite (parfois difficile de rencontrer une autre voiture) et chaotique alors que certaines sections sont en relatives très bonne condition, même à quatre voies parfois ce qui nous permet de rattraper le temps passé à 10 km/heure. À cela, il faut ajouter le trafic, incluant les animaux (chameaux, éléphants, vaches, etc.). Ainsi, pour faire environ 160 km, cela peut prendre facilement quatre heures ou plus. Les distances parcourues entre chaque ville ne sont pas si énormes mais elles prennent beaucoup de temps.
Le climat est sec et on retrouve peu d’eau sauf quelques petits plans où les habitants des villages viennent y pomper l’eau, s’y baigner et y faire leur lessive, malgré la qualité fort douteuse de l’eau.
Cette partie du voyage s’annonçait plus touristique pour nous, mais finalement, j’(Gilles) ai eu la chance de faire quelques entrevues fort intéressantes. Surtout, cela a été l’occasion de partager une douzaine de jours avec notre guide et chauffeur de taxi, Akshay Sharma, un jeune homme de 26 ans originaire de Manali, une ville dans les montagnes de l’Himachal Pradesh. On dit du Rajasthan qu’il s’agit de l’un des états les plus colorés de l’Inde avec ses multiples ethnies.

JhunJhunum
Sortir de Delhi et la longue route nous ont amenés à notre premier arrêt pour y passer la nuit, Jhunjhunum. Nous sommes arrivés vers les 16h00. On y a visité un temple et ensuite le marché. Ce temple ne nous a pas impressionnés. De retour à l’hôtel, un père et ses deux fils offraient un spectacle de musique traditionnelle pour recueillir quelques Roupies. Puis, il y avait à l’hôtel ce soir-là une réception en l’honneur de notables de la place avec spectacle de musique traditionnelle. Le lendemain on a repris la route en direction de Bikaner avec un arrêt à Fatehpur, ville réputée pour ses fresques sur les murs des maisons. On a bien rit. Car, comme dans bien des villes, dès qu’on arrive, plusieurs garçons s’approchent pour nous offrir de devenir notre « guide local » ou encore pour nous vendre mille et une babioles. Ils ont tendance « à coller ». Akshay nous avait bien avertis qu’ils sont très rusés parlant pratiquement toutes les langues. Ainsi, un jeune de 9 ou 10 ans s’est mis à nous parler en français et ne nous lâchait pas même si on l’avait remercié poliment plusieurs fois lui disant que nous n’avions pas besoin de ses services. Quand on a pris un ton plus ferme, il a dit « Quand je dis non, c’est non. Vas-tu me lâcher les basquets à la fin! ». Visiblement, des touristes français avaient été plus fermes que nous auparavant!

BIKANER
Le deuxième coucher s’est passé à Bikaner. On a visité le fort Junagarh et un temple. Bikaner est réputée pour ses peintures. On y retrouve des peintres qui travaillent des toiles avec des dessins très minuscules. Ce sont des œuvres d’art réalisées avec une patience inouïe.
Sur la route, en sortant de Bikaner, nous sommes arrêtés à Desknok, une petite ville où on y retrouve un temple célèbre, le temple Karni Mata. Cependant, nous sommes repartis dès qu’on y a mis le premier orteil en voyant de nombreux rats errer un peu partout. Les gens vénèrent les rats les percevant comme des dieux. Cela a été un peu trop pour nous. On ne pouvait imaginer marcher pieds nus (ce qu’il faut faire dans tous les temples ici) avec tous ces rats autour de nous. On a pris la poudre d’escampette assez vite merci! Nous avons aussi visite un musée havali (un havali est une maison ouverte, avec plusieurs fenêtres et souvent des fresques sur les murs). Il appartient à une artiste française qui y séjourne 6 mois par année. Elle est la deuxième propriétaire de ce musée datant de 1802. Elle en a fait la rénovation tout en gardant intactes les peintures d’origine. Belle réalisation. C’est également dans cette région que Gilles a brassé du sucre à la crème.






JODHPUR
Ensuite, nous sommes arrivés à Jodhpur, la ville bleue. De nombreuses maisons de la vieille ville sont peintes en bleue. C’est très joli. La vue à partir du restaurant de l’hôtel (sur le toit) était très belle mais encore plus celle à partir du fort Meheramgarh sur la haute colline. On a aussi vu dans le fort un spectacle de rue d’un père avec son tout jeune garçon. Garçon charmant mais qui nous a fait voir et réfléchir sur la question de l’exploitation des enfants. Au lieu d’aller à l’école, cet enfant participe aux revenus de la famille même s’il n’a que cinq ans environ. À l’hôtel, le soir, le souper était animé par de la musique et des danses traditionnelles de la région par des jeunes d’environ huit à 18 ans. Triste réalité que ces enfants qui travaillent ainsi tous les jours pour tenter d’égayer les touristes. En 1981, le gouvernement indien a décrété par une loi qu’il est interdit de faire travailler des enfants de moins de 18 ans, mais sa portée semble limitée, surtout dans les villages où on a vu plusieurs enfants qui devaient participer aux travaux de la ferme plutôt que d’aller à l’école. Jodhpur est aussi la ville reconnue pour les épices. On y a donc fait une petite provision. Mais aussi, on a eu une bonne discussion avec notre guide sur les rapports entre les hommes et les femmes en Inde. Puis, avec l’aide de notre guide, j’(Gilles) eu un interview avec un jeune homme de la fin de la vingtaine. Marchants de père en fils, les cinq frères (il est le plus jeune) sont mariés selon les règles d’usage : mariages arrangés entre les familles avec des femmes de la même caste, tous vivent ensemble dans la maison paternelle, les femmes étant toutes à la maison et devant s’entendre entre elles, selon les directives de la belle-mère. Une petite aventure : en revenant du fort, un homme d’une cinquantaine d’années nous salue et nous invite à entrer chez lui. J’(Gilles) accepte l’invitation et nous nous retrouvons Jeanne-mace, notre guide et moi dans cette maison à échanger avec cet homme qui nous présente son fils qui étude le droit et sa conjointe. Celle-ci dessine sur la main avec du henné, signe semble-t-il de bonne chance. Elle s’avance donc pour en dessiner un sur la main de Jeanne-Mance qui n’ose pas protester. En sortant, bien sûr, il m’ (Gilles) a demandé des sous pour le travail de femme, 200 Roupies (environ 5$), alors qu’on a su ensuite par notre guide que cela coûtait moins du quart de ce prix habituellement. Mais au moins, on a pu avoir un aperçu d’une maison d’un Indien au revenu moyen de cette région…
Le lendemain, nous avions demandé à notre guide de nous amener visiter le village Bishnoi. On y retrouve une communauté qui considère les chevreuils comme des dieux. Ici il est interdit de tuer un chevreuil. Non seulement les chevreuils mais aussi tous les autres animaux et de couper des arbres. Il s’agit d’une religion issue de l’Hindouisme. On a vu quelques maisons typiques et on a pris le thé avec un sage du village qui nous a informés sur les grands principes de cette communauté. Notre guide nous servait d’interprète. Il nous a appris notamment qu’il y a quelques années, un homme de Mumbai serait venu dans la région et aurait tué un chevreuil. Il a été poursuivi en justice pour insulte à la religion et s’est mérité, selon notre guide local, cinq ans de prison. Après avoir pris des photos des chevreuils sur le bord d’un lac, nous sommes passés par le Bishnoi Camp, une auberge en quelque sorte, un peu nulle part, où on a eu droit à la cérémonie de l’opium. Eh oui! Nous avons décliné l’offre! Là aussi une occasion inespérée s’est présentée pour une entrevue avec un couple de Mumbai. Donc, un contact avec un couple urbain dont les deux conjoints travaillent, mariage non arrangé, sans question de caste ni de dot. Visiblement une femme émancipée qui ne correspondait pas aux femmes plus effacées qu’on a surtout rencontrées en Inde. Mais cette partie du voyage fût aussi un moment difficile pour notre guide qui a perdu son téléphone cellulaire, un appareil de haut calibre, dispendieux surtout pour un Indien dont le salaire n’est pas très élevé, mais surtout qui contenait toute une banque d’informations utiles pour lui (adresses postales et électroniques, téléphones, etc. de ses clients et amis). On a fait le tour plusieurs fois pour tenter de le retrouver, mais sans succès.
UDAIPUR
Puis encore sept heures de route pour passer deux nuits à Udaipur. C’est la ville romantique de l’Inde. Certains l’appellent la Venise de l’Inde, ce qui n’a rien à voir selon moi (Gilles). Elle est dominée par le Lake Palace, ainsi qu’un temple, situés au milieu du lac Pichola. Le Lake Palace est un hôtel luxueux qu’on ne peut visiter, mais nous avons vu le temple sur le Jagmandir Island en y allant, bien sûr, en bateau. Une partie du City Palace (situé sur la terre ferme) sert encore de résidence d’été pour le roi. La visite nous a initiés au monde des maharadjas.
Udaipur est la ville qui possède la plus grande collection d’objets de cristal F&C Osler au monde ; plus de 600 objets allant du lit en cristal à la salle de travail en passant par de «simples » objets comme des salières et poivrières. Cette collection de cristal avait été commandée par le maharaja en 1877 mais il est décédé avant qu’elle arrive et ses survivants ont laissé les caisses fermées croyant qu’elles portaient malheur et ce n’est qu’en 1987 (110 ans plus tard) que le roi actuel a décidé d’ouvrir les boîtes et de mettre la collection dans un musée. Je (Jeanne-Mance) suis allée visiter seule cette galerie car Gilles réglait certaines questions avec notre guide et il n’était pas vraiment intéressé. Impossible de prendre des photos dans cette galerie.

PUSHKAR
À Pushkar, nous ne sommes restés qu’une nuit. Nous sommes arrivés en plein festival des chameaux. Inutile de vous dire qu’il y avait beaucoup de chameaux mais aussi beaucoup de chevaux. Nous avons même vu une foire avec une grande roue, des petites voiturettes pour enfants (go-kart), des kiosques avec des jeux d’habilité etc. Bref, hormis les chameaux, on s’est cru au Québec pendant une heure ou deux. Nous avons fait nos riches avec le lit baldaquin dans la chambre. C’est encore là une ville touristique. Nous avons eu un agréable souper avec des gens de la France pour qui c’est leur deuxième séjour en Inde. Cette fois-ci pas de visite de temple.

JAIPUR
Jaipur est la ville rose. Les murs des édifices et maisons d’une partie de la ville sont roses. Mais avec le temps, le rose est devenu d’une couleur ocre. À notre avis, ce n’est pas aussi joli que la ville bleue. Nous y sommes restés deux jours. Nous avons visité un temple. Ce qui nous a surtout impressionnés, c’est un spectacle de musiciens et danseuses. La chanteuse et chanteurs avaient des voix superbes. C’est vraiment particulier car les chants sont des sons et on dirait qu’ils sont en compétition. Beau moment dans la journée.
Dans cette ville, on célébrait 1500 mariages ce soir-là. Tout près de notre hôtel, il y en avait trois. Curieux et curieuse comme nous sommes, nous nous sommes présentés à l’entrée de la fête. On nous a invités à faire partie du mariage. On nous a fait danser, inviter à manger. Dans un autre mariage, on a pris même pris des photos avec les mariés. Gilles était beaucoup plus à l’aise que moi dans ces cérémonies. Je (Jeanne-Mance) me sentais un peu comme une intruse. C’est à Jaipur que j’ai (Jeanne-Mance) vu les premiers éléphants dans la rue. La plupart d’entre eux sont utilisés pour transporter des touristes. D’autres servent d’animal de trait pour le transport de marchandises pour les Indiens de cette région.
Cela terminait notre visite du Rajasthan. Chacune de ces villes a son histoire propre, ayant été auparavant le lieu d’un royaume particulier, dirigé par un maharadja. Cela nous a permis aussi d’avoir un aperçu de l’influence de la culture musulmane en Inde.

AGRA
Puis, une autre journée de route pour se rendre à Agra, la chanceuse! Elle possède en son sein le fameux Taj Mahal. Eh oui, le Taj Mahal. Nous nous sommes rendus spécialement dans cette ville pour le voir. Le choc est assez fort. Depuis des années, que je (Jeanne-Mance) disais Un jour je verrai le Taj Mahal. Eh bien, voilà c’est fait! Environ deux à trois mille personnes attendaient en même temps que nous lorsque nous y sommes allés. C’est une des places les plus visitées dans le monde. Malheureusement, nous avons complété notre visite à la noirceur. Ce qui est intéressant c’est que le gouvernement met énormément d’énergie à conserver ce monument. Par exemple, aucune voiture n’est autorisée à moins de 500 mètres du Taj Mahal sauf les bicyclettes. Aucune industrie n’est construite autour du temple. On doit enlever nos souliers comme dans tous les temples. C’est propre : il y a des gens attitrés à ramasser tout ce qui peut trainer. Le marbre blanc est bien conservé. Au coucher du soleil, le marbre devient d’un rosé magnifique. Une chose à retenir pour les visiteurs en Inde : le Taj Mahal est fermé le vendredi et réservé aux cérémonies musulmanes. Nous avons du passer deux nuits à Agra parce que nous sommes arrivés jeudi (nous aurions dû lire davantage le Lonely Planet). Malheureusement, Agra est une ville très sale et qui sent mauvais. C’est la première fois que je voyais en Inde un centre d’achats comme nous en avons au Québec avec des marques telles Adidas, Roots, etc.

VARANASI
Nous avions prévu trois jours dans cette ville soit du dimanche au mardi et partir mercredi pour la Thaïlande. Nous n’avons pas trouvé de billets d’avion disponibles donc nous avons retardé notre départ pour le jeudi 29 novembre. Vous avez donc compris que Varanasi est notre dernière ville visitée en Inde.
Nous l’avons gagnée cette ville…! D’abord 14 heures de route pour s’y rendre, crevaison en route. Gilles, avec un contact de l’Université de Varanasi, avait prévu coucher au Guest house de l’université. Arrivés sur place, pas de réservation à son nom. On nous propose de dormir dans un dortoir 4 lits mais comme le check-out est à 8 heures le lendemain, cela est trop tôt pour nous, surtout qu’il était presque minuit le soir. Nous avons donc décliné la proposition car nous sommes trop fatigués et avons besoin de sommeil. Nous sommes retournés vers le centre-ville pour se trouver une chambre, ce qui n’était pas si facile à trouver. Gilles et notre guide décident de faire un petit tour de ville à pieds pour trouver quelque chose en me laissant la gardienne des bagages. Un petit tour qui, finalement, s’est avéré un grand tour de presque trois quarts d’heure. À un moment donné, j’(Jeanne-Mance) ai fermé les fenêtres et barré les portes tout en ayant hâte qu’ils arrivent. Varanasi, la nuit, est très occupée pas autant que le jour mais quand même. Enfin, un hôtel en plein milieu du bazar, parfait. Nous avons invité notre guide à coucher sur le divan de la chambre. Nous nous sommes couchés à 1heure 30 du matin après avoir pris une douche bien méritée. Le lendemain, nous sommes allés déjeuner avec notre guide et pour une deuxième fois depuis le début de cette tournée, notre guide s’est fait aviser qu’il ne pouvait pas manger avec nous. Nous nous sommes fortement objecté et il a pu se joindre à nous. Cela montre bien aussi comment il y a deux mondes : celui des touristes et celui des Indiens, ceux-ci paient généralement moins cher (la différence est souvent très marquée, notamment pour l’entrée au Taj Mahal) mais les touristes ont des avantages notoires, notamment ne pas avoir à faire la queue à la poste. Puis ce fût les adieux un peu touchants avec notre guide Akshay. Cependant, nous sommes à la fois tristes de le laisser mais aussi très heureux de nous retrouver seuls.
Varanasi dégage un caractère particulier. D’abord parlons des bains. Tous les jours et à toute heure, les gens se baignent dans le Gange, une eau super polluée et le mot est faible. Évidemment, comme ce fleuve est une eau sacrée pour eux, les gens font leur méditation et leurs incantations devant le fleuve. Sur les terrasses au bord du fleuve, des gens font des rituels que nous ne comprenons pas. Par exemple, une enfant de 3-4 ans se fait raser la tête et autour d’elle, chantent des femmes. On m’a dit que c’était un signe de purification. Autre exemple des femmes reçoivent les enseignements d’un homme avec, dans les mains, des fleurs, des fruits. Ensuite, les ghats. Tout le long du fleuve sont situés les ghats. Ce sont ces lieux où les gens ont accès au fleuve, ou dans d’autres villes, au lac sacré. De plus, ici, c’est un lieu de crémation public. À la mort d’un de leurs proches, les gens viennent porter le corps pour le faire brûler après lui avoir donné un dernier bain dans le Gange. Il y a deux sortes de crémation, un électrique, qui pourrait ressembler à nos incinérations au Québec, et l’autre avec du bois. Ce sont ces derniers qui sont particuliers. Inutile de vous dire que nous ne prenons pas de photos pendant ces moments. De toute façon, des gardiens sont là pour nous le rappeler. Comment ce se passe-t-il? D’abord à partir de la maison, on enveloppe le corps dans un tissu blanc recouvert par la suite d’un autre tissu plus coloré. On le transporte au travers de la ville dans un brancard pour l’amener au ghat. Seuls les hommes participent au défilement. Une fois rendu au ghat, le corps est pesé pour connaître le prix de la crémation évalué au poids. Chaque type de bois à aussi son prix. Le bois de santal est le plus dispendieux. Ensuite, le corps est lavé dans le Gange, dépouillé de son tissu brillant pour ne le laisser qu’avec le linceul blanc. Il est placé sur un feu de bois. Cela prend environ trois heures pour brûler entièrement le corps. On nous dit que le crâne ne brûle pas facilement, alors il serait cassé pour lui permettre de se retrouver en cendres aussi. Il y a des crémations 24 heures par jour. Au moment où nous avons vu ce rituel, il y avait au moins 6 à 7 corps en train de brulés. Le lundi, j’(Gilles) ai visité la faculté de service social : échanges avec le doyen, Dr Shastri, et quelques autres professeurs puis une rencontre avec une classe et enfin, un échange plus poussé avec le Dr Sanjay dont les recherches et l’intervention l’ont conduit à mettre sur pied un réseau de groupes d’hommes pour l’égalité des femmes et contre la violence faite aux femmes. J’(Gilles) ai aussi rencontré à son bureau une femme qui avait soutenu sa thèse de doctorat le même matin sur une tribu qui vit sur une île en bordure de l’Inde. Elle est demeurée sept ans dans la tribu pour y faire de l’observation. Notre école partage plusieurs points en commun avec cette faculté de service social puisqu’elle est la plus ancienne de l’Inde et aussi la plus grosse, accueillant sensiblement le même nombre d’étudiants que nous aussi bien au baccalauréat qu’à la maîtrise. Le mardi matin, nous nous sommes levés à 4 heures du matin pour faire une promenade en bateau afin de voir le lever du soleil sur le Gange. Nous vous laissons juger par vous-même la splendeur de ce moment. Nous avons terminé notre séjour à Varanasi par un agréable souper chez un professeur d’université, Sanjay, que Gilles avait rencontré la veille. Nous avons fait connaissance avec ces gens qui ont rompu quelque peu avec la culture indienne. Sa conjointe, Madhu, enseigne aussi à l’université en éducation. Bref, j’(Gilles) espère bien qu’on pourra garder des liens dans le futur. Sanjay et Madhu nous ont aussi raconté que chaque ghat a son histoire et son temple, son marché aussi, issu des différentes communautés qui se sont installées à Varanasi. Ainsi, on retrouve plusieurs personnes originaires d’un peu partout en Inde qui s’y établissent. Petite anecdote : on avait convenu d’acheter de l’alcool pour amener chez nos hôtes. Jeanne-Mance devait s’en charger. Or, arrivée à l’endroit où on vend de l’alcool, elle a rapidement compris que les femmes n’ont pas le droit d’acheter de l’alcool en Inde. Le gemdarme m’a demande : Aucun employé ne parlait anglais. Elle a parlé avec le gendarme qui l’a escortée pour faire son achat… Nous nous préparons à partir pour la Thaïlande après un peu plus d’un mois en Inde. Dans un autre envoi, nous mettrons nos commentaires plus généraux sur les réalités masculin

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Quelle richesse de vivre çà,bravo.LE texte est excellent!!
BOB..xxx

Anonyme a dit…

Salut mes amours!

Vous avez réussi à me faire pleurer en vous lisant et en voyant vos photos intenses...Le lever de soleil su le Gange est particulièrement prenant...Et Jeanne-Mance qui embrasse la trompe de l'éléphant aussi!!

Vous êtes merveilleux...Je vous aime,
Bonne Thaïlande! Prenez une grande bouffée d'air pollué à Bangkok pour moi!! Ça doit être encore "mieux" qu'en 1993! :)Moi je prends des bouffées de neige pour vous!!

À plus,
Isa xxx