dimanche 28 octobre 2007

Nouvelle-Zelande, 2e partie

10e envoi : Nouvelle-Zélande – Deuxième partie

La Nouvelle-Zélande est un pays relativement petit, surtout lorsqu’on la compare à l’Australie, avec 4 millions d’habitants, dont le quart réside à Auckland. C’est le premier pays au monde a avoir donné le droit de vote aux femmes et c’est également le premier pays au monde à avoir signé un traité avec les autochtones que sont les Maoris dont 5 à 10 % des femmes ont participé à la signature.. Nous sommes demeurés seulement sur l’Île du Nord. Nous considérions que nous n’avions pas assez de temps pour nous rendre sur l’Île du Sud et en profiter pleinement, même si plusieurs personnes nous avaient fortement recommandé de nous y rendre sans faute. J’ (Gilles) avais un contact avec un Maori qui dirige un groupe d’hommes de ce côté mais on a dû renoncer à cette visite. J’aurais (Jeanne-Mance) aimé visiter des sites du tournage du film Lord of the rings mais le temps nous a manqué….une autre fois.! Nous avons rencontré une dame âgée qui nous a dit que c’est bon de ne pas tout voir et qu’il faut en garder pour la prochaine fois.
Même si, à certains endroits, les rives sont rapprochées – comme par exemple à Auckland, il y a un endroit où il n’y a que 3 kilomètres entre l’océan Pacifique et la mer de Tasmanie, on peut donc voir les deux rives en même temps – cela n’empêche pas que les distances entre les grandes villes demeurent importantes. Comme par exemple, d’Auckland à Rotorua (au centre de l’Île du Nord), il faut calculer au moins 4 heures en autobus.
Comme la Nouvelle-Zélande est une ancienne colonie qui a été créée relativement tard, cela laisse la trace, chez certains, de se sentir loin du monde. En fait, il n’est pas rare de rencontrer des gens qui sont les petits-enfants de colons anglais qui avaient laissé derrière eux la famille en Angleterre et se considéraient donc loin de celle-ci, loin de la mère patrie. Cela laisse des traces dans l’inconscient collectif d’être loin du monde. Les référents sont aussi souvent britanniques.
Par ailleurs, la Nouvelle-Zélande est peuplée à 17% de Maoris et environ du même taux de Polynésiens. C’est un pays relativement jeune puisqu’il a été créé en 1840, donc moins de 200 ans, et, contrairement aux autres ex-colonies anglaises comme le Canada et l’Australie, la création de ce pays s’est effectuée en lien avec les autochtones de la place, les Maoris, eux-mêmes arrivés bien avant soit en 840, par un traité signé entre les deux parties. Cela ne signifie pas que le processus de colonisation ne s’est pas effectué avec son lot de ravages, notamment l’enseignement pendant plusieurs générations s’est effectué uniquement en anglais avec tous ses effets sur la langue autochtone. Aujourd’hui les Maoris ont repris considérablement de leurs droits. Maintenant, leur langue est enseignée à l’école et plusieurs adultes retournent sur les bans d’école réapprendre leur langue. De plus, on retrouve une députation maorie. Bref, on sent que l’effet du nombre, la reprise en main de ce peuple, notamment avec de bons leaders et aussi la reconnaissance par les Européens de souche des méfaits de la colonisation ont permis de faire avancer les choses, mêmes si beaucoup, sans doute, reste à faire.
Enfin, l’afflux de Polynésiens au cours des années plus récentes change considérablement le portrait du pays. Ces familles comptent souvent plusieurs enfants de telle sorte que leur proportion par rapport à la population totale augmente sans cesse. Il demeure intéressant de voir que plusieurs Euro-néozélandais intègrent des mots Maoris dans leur langage quotidien, tout comme plusieurs villes, rues, lacs, montagnes, etc. portent des noms Maoris.

Ce que je (Jeanne-Mance) retiens de la Nouvelle-Zélande, c’est la campagne magnifique : des belles collines vertes avec plein de moutons et de vaches qui broutent dans ces collines. Tellement impressionnée que j’ai laissé conduire Gilles afin de pouvoir prendre des photos.

Dans la deuxième partie de notre passage en Nouvelle-Zélande, nous voulions être plus en contact avec la culture Maorie et aussi connaître des familles hors de la grande ville que constitue la capitale. Nous avons donc pris l’autobus jusqu’à Rotorua, soit l’un des coins où se retrouvent le plus de Maoris et où plusieurs activités honorent leur culture. Nous avions visité le Musée à Auckland qui présente des œuvres magnifiques et rend hommage au peuple Maori notamment par une courte prestation dont vous pouvez voir un petit extrait vidéo. Le spectacle était court et nous a laissé sur notre appétit mais j’ (Gilles) ai bien aimé voir des jeunes prendre plaisir à valoriser leur culture.
Après 4 heures d’autobus, nous sommes arrivés à Rotorua. Dès notre arrivée, nous avons aperçu et surtout senti les émanations volcaniques dans un parc municipal. Rotorua est vraiment la partie volcanique de la Nouvelle Zélande. Il pleuvait, il faisait froid et après l’autobus, on a donc décidé de profiter des bains thermaux du Polynesian Spa. Fort agréable et relaxant!!!

Le lendemain, nous avons loué une automobile pour mieux se véhiculer dans la région. Cela a donc été notre bain pour conduire à gauche de la rue, ce que nous n’avions pas osé faire en Australie. Cela s’est bien déroulé, pas d’accident, juste de petits rappels à se faire de temps en temps pour être bien sûr de prendre le bon côté de la rue…Jeanne-Mance s’est vite révélée être une experte de la conduite à gauche et Gilles a repris son rôle de navigateur.
Par la suite, nous sommes allés à Te Puia, un centre sur la culture Maorie. Le spectacle était plus élaboré que celui du musée d’Auckland et en plus, les artistes faisaient participer les spectateurs. Comme les hommes avaient droit à la première rangée, je (Gilles) me suis donc retrouvé à devoir faire un « show ». On a bien ri, surtout lorsque vient le temps de lancer des cris et de tirer la langue à la manière des anciens guerriers Maoris. Il fallait voir Gilles sur la scène.
Te Puia est aussi le lieu où on retrouve une école de sculpture traditionnelle réservée aux Maoris qui veulent apprendre cet art qui était en train de se perdre. Les. étudiants sont subventionnés. On a pu voir leurs talents et aussi leur patience à travailler de menus détails. On y retrouve aussi l’école de tissage. On a vu comment les femmes Maoris utilisent certaines plantes pour le tissage. Assez impressionnant!
Puis on a fait le tour de la vallée avec son activité géothermale, notamment un super geyser qui jaillit habituellement trois fois à l’heure. C’était aussi agréable de s’étendre sur la roche chauffée par la chaleur volcanique.
Puis nous sommes partis à Kawerau, une petite ville industrielle à l’ouest de Rotorua pour rencontrer Brenda et Jimmy, un couple Maori membre de Servas. Cela nous a permis de vivre le quotidien dans une famille Maorie. Jimmy travaille dans une usine de papier mouchoir et Brenda enseigne la langue Maorie à des enfants d’âge préscolaire. Elle a pris plaisir à nous enseigner quelques expressions dans sa langue maternelle, dont Kia Ora (merci beaucoup). Jimmy suit des cours de fins de semaine pour réapprendre la langue maternelle. Il poursuit aussi la formation pour devenir ministre du culte (Église anglicane). Bref, un couple charmant.

Le lendemain, on a fait une petite escapade à Kawanake, station balnéaire un peu plus à l’est. Beau petit village.
Puis Taupo, au sud-ouest de Rotorua, chez un couple Servas, Neil et Raewyn, qui, tout comme nous, opère un B&B. Taupo est construite sur un ancien volcan et croyez le ou non, Neil trouve des roches volcaniques sur son terrain qui datent de milliers d’années. C’est vraiment une belle ville sur le bord de la mer. De chez eux nous pouvions voir une montagne enneigée. Neil est un ancien fermier et Raewyn une ancienne enseignante au primaire. La maison et ses propriétaires sont particulièrement charmants. Neil et Raewyn nous ont fait visiter Taupo et les environs : les Tuka Falls, la station géothermale pour tirer de l’électricité (la plus ancienne de Nouvelle-Zélande), et bien d’autres endroits intéressants, mais surtout avec des vues superbes sur le Lac Taupo et les montagnes enneigées de l’autre côté du lac. Neil s’était rendu compte que Jeanne-Mance aimait les moutons. Lors de cette tournée, en ancien fermier averti, il s’est rendu compte qu’il semblait y avoir du mouvement dans une bergerie. Il a donc arrêté et vérifié pour ensuite nous inviter à assister à la tonte des moutons. Le couple super gentil nous a laissé prendre des photos mais aussi nous a offert d’essayer à tondre un mouton. Je me suis essayé : Pas si simple!! Et en plus, le mouton m’a laissé un beau cadeau sur mon pantalon… Nous sommes restés avec les Alexanders trois jours, la troisième journée ayant été consacrée à des mises à jour de courriels et une visite aux bains thermaux. Soulignons que Jeanne-Mance leur a fait goûter la mousse à l’érable et le deuxième matin, c’est nous (surtout Jeanne-Mance vous avez deviné) qui avons fait le déjeuner avec des crêpes aux pommes comme on sert au gîte. On avait fait goûter à nos mets québécois à Warwick et Josie en leur préparant une tourtière du Saguenay (une vraie, pas un pâté à la viande comme à Montréal!) et une mousse à l’érable. Comme on n’avait pas trouvé de pâte toute prête, j’ (Gilles) ai dû me rappeler la recette et m’essayer à nouveau alors que je n’en avais pas faite depuis longtemps. La tourtière était bien réussie et ils l’ont aimée.
Bref, la température en Nouvelle-Zélande a été plutôt ordinaire (moyenne de peut-être 14-15 Celsius avec des passages nuageux et de pluie à tous les jours) mais on a été réchauffé par la chaleur humaine du beau monde avec qui nous avons été en contact. Quel beau monde! Des gens conviviaux, simples, chaleureux, bons vivants. Merci à Warwick et Josie, Peter, Rex, Jon et les autres, merci à Brenda et Jimmy, Neil et Raewyn.

Quelques notes générales sur l’Australie et la Nouvelle-Zélande pour finir :
Les deux pays sont des anciennes colonies britanniques. Comme la Grande-Bretagne, la conduite automobile se fait à gauche, ce qui est aussi mêlant lorsque l’on traverse la rue, qu’on rencontre les gens sur le trottoir et aussi les robinets sont inversés, donc attention pour ne pas se brûler avec l’eau chaude! Les maisons sont construites comme dans les pays chauds, pas de sous-sol, et généralement moins bien isolées qu’au Québec. Plus souvent qu’autrement, les gens chauffent peu les maisons. Souvent l’humidité est chassée avec un feu de foyer et les lits sont munis de couvertures chauffantes. L’Australie est un pays sec, avec très peu de pluie alors que la Nouvelle-Zélande, au contraire, est très verte avec des pluies fréquentes. Dans les deux cas, le temps est changeant : beaucoup de nuages notamment. On peut passer d’un soleil étincelant à un ciel très gris et revenir au soleil en quelques heures. Les Néozélandais ont l’impression de vivre dans un petit pays à côté de l’Australie et ils sentent qu’ils ont une place limitée sur le plan international alors que l’Australie fait plus partie des grandes nations. On retrouve dans les deux cas pleins de fleurs, d’arbres et d’animaux bien spécifiques, notamment le kangourou et le koala en Australie et le kiwi en Nouvelle-Zélande.
À la prochaine : de l’Inde cette fois-ci.

Auckland - Nouvelle-Zelande

9e envoi : Nouvelle-Zélande – Première partie

Le 10 octobre, nous avons quitté l’Australie à partir de Melbourne pour arriver à Auckland en fin d’après-midi avec trois heures de décalage (+). À l’arrivée aux douanes, nos sacs ont été inspectés, particulièrement nos souliers, puisque nous avions campé dans le désert (Ayers Rock). Heureusement, nous étions informés que les autorités néozélandaises vérifiaient attentivement la propreté, surtout lorsque les gens ont fait du camping. Donc la veille de notre arrivée, nous avons lavé tout notre linge, notre sac a dos et surtout nos espadrilles. Il faut dire que la Nouvelle-Zélande est aux prises avec un problème sérieux de vache folle et que de nombreuses précautions sont prises pour éradiquer le problème.
Les deux premiers jours se sont passés à Devonport (banlieue nord d’Auckland) au B&B de Peter Goldsbury, un ami d’Andrée Mathieu du Québec, que nous remercions d’ailleurs de cette excellente recommandation. En plus de bien s’occuper de son gîte, Peter est un consultant en gestion. Il a développé une approche de gestion fort intéressante basée sur la spiritualité autochtone. Il forme des enseignants et des directions d’école aussi bien que des gestionnaires de toutes sortes à cette approche. Il a de nombreux contacts et amis parmi les Maoris. Avec une agréable gentillesse, il nous a offert de souper avec lui le premier soir, ce que nous avons fortement apprécié compte-tenu que nous étions un peu fatigués, qu’il pleuvait et faisait froid et en plus, nous n’avions aucune idée où se trouvaient les restaurants dans ce quartier de la ville. Cela nous a permis déjà de le connaître un peu plus. Puis le lendemain, il a organisé un souper (excellent d’ailleurs) en invitant des gens qu’il connaît qui pourraient être intéressés à discuter des réalités masculines. Comme c’était un peu à la dernière minute, un seul a pu venir, Ian Leader, qui est responsable des liens entre la Faculté de technologies et la communauté. Les échanges autour de la table ont été fort intéressants, Ian étant tout aussi sympathique que Peter. De plus, Peter nous a aussi donné plein de contacts parmi ses amis Maoris à Raglan et Whirenaki. Malheureusement, le temps nous a manqué pour rencontrer tout ce beau monde.
Le vendredi, rencontre avec Denis Bunbury de Mensline Auckland. Visite des lieux et discussion sur le service. Mensline est un des services de Lifeline qui a aussi une ligne pour les jeunes (Kidsline) et des services aussi pour des minorités ethniques comme Asianline. C’est la ligne d’écoute et de crise, un peu comme on a au Québec. Cependant, Mensline signifie qu’il y a une ligne spéciale pour les hommes pouvant avoir accès à un homme intervenant spécialement formé. Le service est le soir seulement et en d’autres temps, la ligne bascule vers Lifeline. De plus, il y a suivi à court terme en face à face. Mensline a aussi été impliqué dans une campagne nationale contre la violence conjugale. C’est un très petit service comparé à Mensline d’Australie, mais bien structuré. Il est clair que le gouvernement néozélandais n’investit pas les mêmes sommes dans les services aux hommes que le gouvernement australien. Cela ressemble plus à la situation au Québec où les organismes doivent se débrouiller pour trouver des fonds un peu partout pour survivre.
Puis nous sommes demeurés une semaine chez Warwick Pudney et sa conjointe Josie. Lorsque j’(Gilles) avais fait les premiers contacts avec des groupes d’hommes, on m’avait référé à Warwick me signifiant qu’il était sans doute le seul chercheur néozélandais sur les réalités masculines. Professeur de psychothérapie, tout comme sa conjointe Josie, non seulement il fait de la recherche sur le sujet mais il est très impliqué personnellement. Il a notamment mis sur pied un centre de soutien pour les hommes qui s’appelle Man Alive et il anime lui-même un groupe de soutien dont je parlerai plus loin.
On a passé avec Warwick et Josie des moments superbes où on a senti rapidement qu’une belle complicité s’était installée entre nos deux couples. Le samedi, ils nous ont conduits au marché polynésien en banlieue d’Auckland et ensuite dans les montagnes où on a pu admirer des beaux paysages. Le dimanche, nous avons eu un Kiwi BBQ – les Néozélandais se surnomment Kiwis, du nom de l’oiseau fétiche du pays - avec une douzaine de personnes les plus impliquées en intervention auprès des hommes :(s’il avait fallu qu’une bombe tombe sur la maison, le leadership sur la condition masculine en Nouvelle-Zélande aurait été décimé…commentaire de Jeanne-Mance). Il y avait notamment un couple qui a développé un programme intéressant de prévention auprès des garçons turbulents dans les écoles primaires, un thérapeute spécialisé auprès des hommes abusés sexuellement dans l’enfance, Rex McCann qui dirige Essentially Men (cours – groupe - pour hommes qui désirent sortir des limites de la masculinité traditionnelle tout en honorant les hommes) et sa conjointe, un intervenant auprès des hommes aux comportements violents et j’en oublie. Plusieurs discussions informelles, puis au cours de la dernière heure, Warwick a animé une discussion plus formelle sur nos perceptions des réalités masculines.
Le mardi, j’ai eu la chance de participer au groupe qu’anime Warwick qui porte sur les relations, l’idée étant d’outiller ces hommes dans leurs relations interpersonnelles avant que la situation ne dégénère en violence. Il y avait là une douzaine d’hommes qui en étaient à leur quatrième rencontre. Les origines sont diverses : néozélandais, maoris, indiens, chinois et aussi d’autres immigrants, la plupart de classe moyenne, certains professionnels, d’autres ayant leur propre petite entreprise. Certains reçoivent une aide thérapeutique individuelle en plus du groupe ; deux ont même précisé que c’est le ou la thérapeute qui les avait référés au groupe. Warwick m’avait demandé de faire un bref exposé sur les hommes et la dépression, sachant que quelques uns du groupe vivaient une dépression en ce moment. Cela a amené particulièrement un membre du groupe à parler de sa dépression et comment il ne voit pas de solution actuellement. Il refuse toute médication mais demeure confiant dans l’avenir. C’était aussi bon de voir le soutien des autres membres du groupe. J’ai beaucoup aimé voir Warwick en action. C’est un très bon intervenant en groupe : il s’assure que tout le monde ait sa place, qu’il se sente soutenu tout en aidant le groupe à aller plus loin. Il peut être très confrontant mais on sent toujours le soutien derrière la confrontation. Pendant ce temps, nous, les filles, on est allées au cinéma. On a trouvé un film en français sous-titré anglais. Une comédie qui nous a fait bien rire Prête moi ta main. Enfin, le mercredi, il avait lieu un séminaire public sur le thème Does current counselling and therapy suit men? Le tout se passait dans les locaux de Man Alive ; Warwick espérait ainsi dépasser le nombre usuel de participants des conférences qui ont lieu à l’université. Son vœux a été plus qu’exaucé puisqu’il y avait une soixantaine de personnes en tout. La salle était bondée, on manquait de chaises. Le programme annoncé prévoyait que je parle une quinzaine de minutes, puis que d’autres leaders locaux - Rex McCann d’Essentially Men, Russell Whitters d’Integrated Drawing Therapy-Jungian approches, Peter Hubbard du Psychosynthesis Institute spécialisé auprès des clientèles masculines et enfin Warwick - prennent la parole et qu’il y ait une discussion plus générale. À partir des discussions que nous avions eues, je m’étais préparé en insistant sur trois points pour m’assurer de ne pas dépasser le temps prévu. Au bout des 15 minutes, une première vague de questions puis on m’avise que les gens qui sont là aimeraient que je continue un peu plus sur notre modèle d’intervention. Ainsi, j’ai repris mon matériel déjà présenté ailleurs pour une autre demi-heure environ suivi d’une deuxième période de questions. Par la suite, on a pris une pause et les autres conférenciers sont intervenus et une discussion plus générale s’est déroulée. Il semble qu’habituellement les néozélandais interviennent peu, mais ce soir là, les interventions fusaient. Une partie de la discussion a porté sur l’androgynie et la place du « principe masculin », discussion soulevee par un participant en particulier. Il semble y avoir chez certains néozélandais, un peu comme en Australie d’ailleurs, une certaine peur de déconstruire la masculinité traditionnelle, ou plutôt une recherche d’une sorte de masculinité qui serait universelle. Dans ma présentation, j’avais insisté sur l’importance de bien distinguer le sexe et le genre et sur l’importance de déconstruire la masculinité hégémonique, mais il semble bien que ce n’était pas suffisant ou du moins ne répondait pas suffisamment aux arguments associant sexe et genre comme deux éléments indissociables. Lorsque l’on parle d’éclater le genre pour y retrouver des masculinités, ou plutôt de reconnaître qu’il y a une multiplicité des masculinités, cela semble difficile. Loin d’y voir la fin d’une « camisole de force », pour reprendre l’expression de Pollack, et ouvrir des opportunités, cela semble plutôt générer une certaine peur, comme si on enlevait une partie de soi, une sécurité, comme si cela voulait dire que les hommes devaient, par exemple, se passer dorénavant du sport (le Rugby ici) pour ne prendre que des comportements socialement identifiés, selon les stéréotypes, aux femmes, comme étant féminins. Tout comme en Australie, et aussi au Québec, on retrouve de fiers défenseurs qui considèrent les différences entre les hommes et les femmes sur le plan physique - la configuration du cerveau, la testostérone, l’appareil génital – comme la base de différences psychologiques et sociales, comme une essence qui transcenderait tout velléité de changement des règles sociales actuelles. Pourtant, la grande psychanalyste française Bégouin-Guignard, paraphrasant De Beauvoir, disait : « On ne naît pas homme, on le devient ». Dans la vie quotidienne, les relations entre les hommes et les femmes ressemblent beaucoup à ce que l’on peut vivre au Québec. . Je comprends qu’il reste encore beaucoup à écrire pour bien le démontrer.
Enfin, les Néozélandaises et les Néozélandais sont particulièrement accueillants. Le travail sur les réalités masculines est émergeant et les initiatives fort intéressantes. On sent un vif intérêt, des gens passionnés et passionnants qui développent des services avec peu de moyens. Ce que je retiens le plus, c’est le dynamisme de ces personnes qui, avec très peu de moyens, que ce soit en pratique privée ou dans des organismes communautaires, réussissent à développer des services fort intéressants pour les hommes. On sent toute la force de ces pionniers. Je me sens chanceux d’avoir eu cette occasion inespérée d’en avoir rencontré plusieurs. J’en profite pour remercier particulièrement Warwick. J’ai vraiment eu la chance de côtoyer non seulement un bon chercheur mais aussi un excellent intervenant et un homme de cœur, passionné. On a eu la chance de développer une réelle complicité au cours de cette semaine et je l’en remercie fortement. J’espère sincèrement qu’on aura d’autres opportunités de travailler ensemble dans les années qui viennent. J’aimerais vraiment cela. Merci Warwick!

jeudi 11 octobre 2007

Uluru

8e. envoi : Alice Springs, Uuluru, King Canyon, Ayers Rock, Kata Tjuta
Nous voici dans le désert du Centre de l’Australie. Ce n’est pas un désert de sable blanc comme on peut l’imaginer en Afrique mais bien un désert de sable rouge avec des arbustes. Au moment où nous y sommes allés, il faisait 40 degrés pendant le jour et environ 28 degrés le soir. A partir d’Adelaide, nous avons pris l’avion pour une durée de voyage de deux heures.
Le premier arrêt était au village d’Alice Springs (une journée). Petit village assez touristique à cause de l’aéroport qui se veut une porte d’entrée pour Uluru et autres endroits magnifiques. Nous avons eu la chance d’écouter un spectacle de trois musiciens dont un jouait du djembe un autre de la batterie et le dernier et non le moindre du didjeridu (instrument traditionnel aborigène). C’est probablement le meilleur joueur de cet instrument dans le monde, nous a dit par la suite notre guide. Il joue depuis 20 ans. Non seulement il jouait de la musique, mais il racontait l’histoire du peuple aborigène, du développement du pays, en lien avec chacune des pièces instrumentales. C’est vraiment un beau moment de la journée !
Coucher vers 22 heures et lever vers 5 heures, car nous prenions l’autobus pour la grande expédition à 6 heures du matin. Nous avions pris un tour organisé. Le groupe était composé exclusivement de jeunes entre 18 et 28 ans venant de divers pays : Angleterre, Japon, France, Suède, Australie, Italie et deux du Québec (devinez-qui…). Bien franchement, nous aurions pu être leurs parents ! Gilles et moi ne voulions pas passer pour les vieux, ceux qui trainent la patte et qu’il faut porter sur notre dos. Croyez-le ou non, nous nous sommes comportés comme des grands en suivant ces jeunes qui montraient eu aussi des signes d’épuisement à certains moments.
Nous avons roulé dans le désert pendant 5 heures avant le premier arrêt, mais j’ai (Jeanne-Mance) dormi dans l’autobus un bon bout de temps et Gilles a travaillé à l’ordinateur.
Dans ce désert, les animaux que nous pouvions voir sont des reptiles qui sont actifs dans le jour, des chameaux, des kangourous, des chiens, des chevaux sauvages et même des vaches « sauvages ». De tous ceux-là, nous n’avons vu surtout des vaches et chevaux sauvages. Pourquoi des chameaux, surprenant n’est-ce pas en Australie ? Au début de la colonisation, les européens sont venus avec des vaches et des chiens, mais comme cette partie de l’Australie est désertique avec peu d’eau les animaux mourraient. Ils ont donc décidé de venir avec des chameaux. C’est ainsi qu’une cohorte de 800 000 chameaux se retrouvent dans cette partie de l’Australie, aujourd’hui laissés à eux-mêmes, à l’état sauvage. Dommage que nous n’en ayons pas vus, sauf ceux pour les touristes dans un petit bled.
Le premier jour de notre expédition on a visité le King Canyon, sûrement pas aussi grand que le Grand Canyon (que je n’ai jamais vu) mais assez impressionnant et spectaculaire. Nous avons marché en montagne pendant plus de 3 heures en plein soleil, pas un coin d’ombre, sous une température de 40 degrés. Vous comprendrez que le chapeau, lunettes de soleil, crème solaire et des litres d’eau constituaient nos meilleurs amis cette journée-là (d’ailleurs également les autres journées). Nous avons eu la surprise d’une petite source d’eau où nous nous sommes baignés; cela nous a rafraichis mais pour 15 minutes tellement il faisait chaud.
Deuxième arrêt : Kata Tjuta. Voyez la photo. Même scénario : marche pendant au moins 3 heures. Le paysage est toujours aussi magnifique. L’énergie est en baisse. Quand notre guide, Dominique expliquait la prochaine étape et il disait dans l’autobus : « Hi guys, how are you ? » Je vous avoue que l’enthousiasme n’était pas à son maximum. Pauvre lui; il se dévouait tellement !


Troisième arrêt : Uluru. Uluru est la montagne sacrée des Anangus, ceux qui sont propriétaires de cette terre. Nous avons contourné cette montagne, là aussi pendant 3 heures mais le terrain était planche comme dans un beau sentier. Le pas était moins rapide et plus facile. Je ( Jeanne-Mance) fut très impressionnée par cette montagne qui, à mon avis, avait un sens. Le King canyon était beau, magnifique même, mais cette montagne dégageait une spiritualité que je n’avais pas vue auparavant. Il y avait des parties que nous ne pouvions pas photographier, comme par exemple la « la grotte des femmes», où les femmes aborigènes allaient accoucher. Il parait, selon notre guide, que cet endroit est encore utilisé aujourd’hui pour des cérémonies. D’autres endroits comme la grotte des hommes et le bâton de pluie étaient interdits de photographier. Cette marche autour de la montagne, représente, à mon avis (Jeanne-Mance), un bel hommage à ce peuple. Nous avons vu dans certaines grottes des dessins datant de presque 400 ans gardés intacts. Quelques dessins, entre autres, permettaient aux femmes aborigènes d’enseigner les plantes aux enfants.
Une seule ombre à ce tableau. Dans la documentation, il est indiqué que les Anangus n’aiment pas que nous grimpions leur montage, qu’ils trouveraient dommage que quelqu’un meure sur leur montagne et qu’ils n’aiment pas que nous apportions comme souvenir un morceau de leur terre. Malheureusement, on a installé sur cette montage sacrée une chaine qui permet de grimper la montagne. Dominic « Hi guys, somebody wants to climb ? » J’ai un peu riposté par respect pour les Anangus, mais un membre du groupe a quand même grimpé la montagne…dommage mais heureusement qu’il n’y en ait eu qu’un seul !
Le dernier jour de notre expédition, nous nous sommes levés à 4 heures du matin pour voir le lever du soleil sur cette montagne qui change de couleur de l’aurore à la levée complète du soleil. Nous avions fait la même chose pour le coucher du soleil la veille. L’avantage lorsqu’on se lève très tôt, c’est qu’il fait moins chaud pour marcher. J’avoue (Gilles) que je commençais à être pas mal blasé de la randonnée, même si habituellement j’aime bien cela. Trois à cinq heures de marche à 38 ou 40 degrés, en montagne, parfois très abrupte, à marcher sur de la pierraille, ouf !! Un jour ça va, deux, cela commence à être plus dur mais trois, oh la la ! Par contre, cette section du voyage a été un bon moyen de se tremper dans la culture, surtout la spiritualité, autochtone en allant vers leurs lieux sacrés. Notamment on a pu avoir une idée des rôles différents des hommes et des femmes, chaque genre ayant ses propres lieux sacrés dans la montagne, avec ses propres mythes, les femmes enseignant aux jeunes filles les traditions et les connaissances sur les fruits, etc. alors que les hommes faisaient de même pour les garçons concernant la chasse entre autres. Cependant, seuls les garçons passaient par un rituel initiatique de passage du monde des femmes au monde des hommes qui se passait vers 4 ans, nous a-t-on dit.
Autres éléments du voyage. Nous couchions à la belle étoile dans des sacs de couchage et matelas assez confortables, je dois le dire. Le ciel était pur et rempli d’étoiles, même que la dernière nuit j’ai (Jeanne-Mance) vu quelques étoiles filantes. Oups….j’ai oublié de faire un vœu…! Nous préparions les repas ensemble et la bouffe bien, assez simple, mais bonne. Nous sommes partis d’Ayers Rock pour Melbourne en passant par Sydney. On a profité de notre passage à l’auberge de jeunesse pour y laver notre linge et nos souliers de marche qui étaient très sales après trois jours à marcher sur le sable rouge. Nous savions qu’il fallait être propre pour entrer sans problème en Nouvelle-Zélande. D’ailleurs nos souliers ont été inspectés attentivement à la douane.
A la prochaine.
Jeanne-Mance et Gilles

mercredi 10 octobre 2007

Septieme envoi : L'Australie et les hommes : un bilan personnel de fin de visite

7e envoi : Men’s Health Conference, Adelaide et petit bilan personnel apres 5 semaines d'echanges sur les realits masculines en Australie
2007-10-09
Dans cette partie, je (Gilles) désire partager mes réflexions sur les réalités masculines en Australie. L’envoi suivant permettra de donner un aperçu de la toute dernière portion de la partie australienne, soit la visite à Uluru.
Nous avions fait coïncider le voyage en Australie avec le 7th National Men’s Health Conference qui se tenait cette année à Adelaide. Deux autres colloques s’étaient ajoutés en concordance : l’un sur les hommes autochtones (2 jours) et l’autre Men and Family (1 jour), ce dernier auquel j’ai aussi assisté. Environ 300 à 350 personnes, moitié hommes, moitié femmes, y participaient et le tiers (environ) s’est retrouvé ensuite au colloque sur la santé des hommes auquel participaient aussi environ 300 à 350 personnes, dont environ 65% des hommes. Il semble que le colloque sur les hommes autochtones a été aussi un grand succès. Cependant, dans ce cas, il n’y avait aucune femme, les autochtones ayant un fonctionnement très différent sur ce point. b
J’ai eu la chance d’être l’un des trois conférenciers internationaux invités, à côté de Steve Robinson de l’Angleterre et Miles Groth des États-Unis. Je dois dire que c’est l’un des plus beaux colloques auquel j’ai participé. Un peu comme le colloque que nous (l’équipe Hommes, violence et changements) avions organisé en 2002, les deux colloques (Men and Family et Men’s Health) réunissaient des chercheurs, des agents des ministères et des intervenants de différentes disciplines, le tout dans une atmosphère conviviale. On y retrouvait des présentations de diverses tendances sur le plan idéologique, exception faite des extrémistes (antiféministes et proféministes radicaux) qui n’étaient pas présents, du moins dans ce que j’ai pu voir.
Les Australiens aimeraient bien obtenir une politique sur la santé des hommes comme il y a depuis plusieurs années sur la santé des femmes. Il s’agit pour eux d’une grande revendication. Selon leur point de vue, cela permettrait de donner un sens commun aux fort intéressantes initiatives qui ont place tout en assurant une certaine pérennité. Il y a en effet de grandes initiatives fort intéressantes, notamment Beyond Blues, une ONG qui fait de la sensibilisation sur la dépression avec un volet spécifique sur les hommes, dont les fermiers ; Partnership Australia, qui offre de la sensibilisation et du soutien aux familles avec un volet spécifique pour les hommes dont les hommes aux comportements violents, mais aussi toute une panoplie de brochures et d’ateliers pour soutenir les hommes en processus de séparation et un programme spécifique Staying Connected favorisant le maintien de l’engagement paternel après la séparation ; une équipe aussi qui travaille sur le dépistage et l’information concernant le cancer de la prostate ; et j’en oublie. À chaque fois, on sent un travail spécifique pour ajuster le vocabulaire, rejoindre les hommes là où ils sont, etc. Il y a même des cliniques de dépistage qui sont organisées lors de grands évènements qui regroupent principalement des hommes comme les ralliements de motocyclistes, et bien sûr dans les entreprises et les centres sportifs.
Tout comme au Canada, le gouvernement en place est un gouvernement conservateur qui applique sensiblement les mêmes lignes de conduite que chez nous avec, me dit-on, des réductions dans les programmes publics et des mesures pro-entreprises. Les ententes avec les entreprises du charbon ont priorité sur la protection de l’environnement de telle sorte que l’énergie éolienne et celle des marées sont, semble-t-il, très peu utilisées même si l’Australie en est très pourvue. De plus, on se rappelle que le gouvernement australien s’est rangé du côté du gouvernement américain dans la guerre en Iraq. Cette position pro-gouvernement Bush fait réagir plusieurs personnes qu’on a rencontrées.
Pour revenir aux réalités masculines, en même temps que les Australiens sont très critiques, sans doute avec raison, par rapport à l’attitude du gouvernement en la matière, les trois conférenciers étrangers, nous avons souligné comment les Australiens sont à l’avant-garde sur le plan international et nous les avons remerciés de leur apport important. Lors de la table ronde, je faisais l’analogie suivante : le dossier de la santé des hommes en sans doute encore dans son enfance en Australie, je dirais la fin de l’enfance, alors que chez nous, le dossier vient à peine de naître et lutte encore pour sa survie. Les Américains en sont probablement à l’étape de l’apprentissage de la marche, juste un peu en avant de nous.
« Que dire de plus sur les réalités des hommes en Australie ? », me demanderez-vous.Cela demeure les idées de quelqu’un de l’extérieur, car je n’ai vu qu’une partie seulement en cinq semaines, et bien sûr, mon point de vue est relatif aux personnes que j’ai pu rencontrées : lors des trois colloques auxquels j’ai participé, les chercheurs avec lesquels je me suis entretenu, les groupes que j’ai visités (4), les professionnels avec qui j’ai eu l’opportunité d’échanger et aussi, les familles chez qui nous avons eu la chance de demeurer (6). L’Australie est un grand pays, presqu’aussi grand que le Canada. Les réalités sont différentes d’un état à l’autre mais aussi selon la ville et la campagne, de même que selon le groupe social d’appartenance. Notamment, l’Australie subit une vague de sècheresse depuis sept ans, ce qui rend la réalité très difficile pour les fermiers qui sont parfois désespérés. Par ailleurs, l’Australie est comme une très grande île, un peu isolée du reste de la planète. On sent chez eux un sentiment d’appartenance important, un désir aussi de bien marquer leurs différences avec les Européens et les Américains et un besoin de développer leurs propres corpus. De plus, on y retrouve une convivialité fort intéressante avec un sens de la communauté très développé, ce qui s’est perdu en Europe, aux USA et de plus en plus chez nous au Québec. La famille demeure une valeur importante, notamment avec un ratio de 2,5 enfants par femme, ce qui est un enfant de plus que chez nous. On a rencontré des familles, ou des pères, qui ont 4, 5 6 et même 7 enfants, ce qui est très rare au Québec, mais semble l’être moins ici. Enfin, la population est principalement regroupée tout autour de l’Australie, près de la mer. Cela donne une population fortement « easy-going » : travailler fort, oui, mais se garder du bon temps, notamment avec les amis, ne pas trop s’en faire pour des riens, bref, une population qui semble moins stressée que chez nous.
En matière d’égalité, l’Australie, comme le Québec, a connu aussi une grande vague et d’importantes avancées avec le mouvement des femmes. Comme chez nous, c’est l’égalité de droits et bien sûr, cela ne fait pas une égalité en tout dans la vie quotidienne. Dans les familles visitées, la situation ressemble beaucoup à chez nous. Dans plusieurs cas, on a retrouvé sensiblement le même genre de dynamique que dans notre couple ou chez nos amis ou nos propres familles du Québec : la femme demeure le plus souvent la meilleure pour faire la cuisine de la maison, l’homme s’occupe de la vaisselle, l’homme est plus souvent celui qui fait les travaux de construction et la femme la décoration, bref des tâches parfois différentes mais dans un esprit de partage du pouvoir et des responsabilités. Les femmes travaillent et se retrouvent dans divers types d’emplois, comme chez nous. Cependant, le tabagisme et l’abus d’alcool semblent des problèmes plus importants ici, et comme on peut s’y attendre, chez les hommes en particulier. Il y a aussi des côtés plus sombres ; notamment, il semble que l’Australie ait un taux élevé de viols collectifs. La violence se retrouve aussi sur d’autres aspects, comme par exemple, lors de notre passage le journal rapportait une attaque sauvage d’un homme à la sortie d’un bar par trois footballeurs des Broncos. Bref, un pays où il se fait des choses très intéressantes mais où il reste encore beaucoup à faire.
Pour ce qui est de la réalité des gais, l’Australie reconnaît le principe d’égalité de droits et de non discrimination, mais concrètement le mariage gai n’est pas reconnu mais seulement un contrat civil. Lors de la conférence sur la santé des hommes, certains ateliers abordaient les réalités des gays, cela était le cas aussi lors de la conférence de Murray Drummond. Il semble que Sydney et Melbourne aient des communautés gays bien établies mais que la situation demeure plus difficile dans plusieurs régions (un peu comme on connaît au Québec), à l’exception de quelques endroits, dont les Blue Mountains où on retrouve, semble-t-il, avec une forte communauté gaie et lesbienne bien enracinée.
Par ailleurs, l’Australie est de plus en plus multiculturelle. On sent une fierté chez les gens rencontrés que leur société soit maintenant multiculturelle. Bien sûr, cela est davantage présent dans les grands centres comme Sydney et Melbourne, mais la tendance semble se développer aussi ailleurs. Le racisme semble peu présent et il semble y avoir beaucoup de liens entre les communautés. Plusieurs ont noté qu’ils adaptent les services en conséquence, notamment par des dépliants dans plusieurs langues. Certains projets spécifiques se mettent en place, notamment pour mieux rejoindre certaines communautés. Il faut noter aussi que l’Australie est un pays qui favorise beaucoup le tourisme, dont chez les jeunes, alors que l’on y retrouve un nombre impressionnant d’auberges de jeunesse de toutes sortes. Plusieurs ont noté un changement important depuis une quinzaine d’années en matière d’ouverture à l’immigration alors que d’autres rapportent qu’il demeure un fond de xénophobie dans la population derrière le premier contact chaleureux et poli.
Quant aux autochtones, ils forment environ 2% de la population, soit un taux comparable à la situation du Québec. Cependant, on retrouve plus de cent nations différentes, et contrairement à chez nous, les nations ne sont pas confinés à des réserves. La colonisation a eu comme effet ici de disperser les nations, de telle sorte que, pour certaines d’entre elles, la transmission de la culture demeure sérieusement difficile. Néanmoins, les autochtones demeurent fiers (et avec raison) de leurs traditions. L’art autochtone est magnifique. On a profité hier d’un excellent spectacle de didjeridu, ce célèbre instrument de musique autochtone. Dans certaines communautés, le modèle de lignée demeure matriarcal. On relève sensiblement le même genre de problèmes sociaux que parmi les communautés autochtones que Québec (alcool, violence conjugale, etc.). Par ailleurs, j’ai particulièrement apprécié de rencontrer des intervenants autochtones. Régulièrement, ils soulevaient la question des autochtones dans les ateliers, cherchant à identifier les points communs et les différences d’avec les Blancs, dans un esprit positif et qui permet de faire avancer les choses. Enfin, alors que les Australiens semblent fiers de se retrouver dans une société multiculturelle, la situation semble moins évidente du côté des autochtones qui rapportent vivre encore une discrimination importante. Heureusement, certaines grandes associations s’assurent qu’ils aient une place importante comme lors du colloque sur la santé des hommes. J’ai entre autres très aimé la présentation des intervenants du centre de santé pour hommes d’Alice Spring, de même que la visite de la Men’s Shed à laquelle est s’associé John MacDonald.
Pour ce qui est des hommes ages et des hommes avec limitation, le mouvement des Men's shed est sans aucun doute un excellent moyen pour reintegrer des hommes isoles et leur permettre de sentir leur place dans la societe actuelle. Ce mouvement se developpe rapidement depuis une dizaine d'annees par un travail benevole intense et beaucoup en partenariat. Cela eatnt dit, lors du colloque sur la sante des hommes, un jeune homme en fauteil roulant a note, avec justesse sans doute, que la conference n'avait pas aborde cet aspect et que le travail sur la sante des hommes gagnerait a integrer davantage les realites des hommes avec des limitations.
Sur le plan théorique, les écrits de Connell, très connus chez nous et un peu dans le monde, sont repris par certains mais aussi fortement critiqués par d’autres. J’ai eu l’impression que pour plusieurs, ce type de discours est assimilé à celui du « ugly male » ou du mâle toxique duquel les gens veulent se défaire. Notamment, il y a un consensus assez clair que le type de campagne de prévention de la violence conjugale (très semblable à ce que l’on a au Québec) doit changer pour aborder la question sous un autre angle. Notamment, un conférencier a présenté un exemple d’une campagne sur la violence conjugale qui partait du positif, c’est-à-dire la recherche de relations harmonieuses dans la famille et comment la violence peut être un frein à cela. Cela représente un changement important : s’appuyer sur la valeur sociale d’une famille qui fonctionne dans la complicité pour contrer la violence et non seulement dénoncer le « méchant batteur de femmes ». Bien sûr, je caricature quelque peu pour bien faire comprendre. Par ailleurs, faute d’assisse théorique solide, comme à certains égards la théorie de Connell peut offrir malgré ses limites (comme toute théorie), certaines campagnes de prévention m’apparaissent questionnables : en cherchant à rejoindre les hommes, parfois la campagne peut renforcer les stéréotypes de genre et cela peut nuire à long terme. Je prends pour exemples : « sois un homme! (et le reste du message), comme s’il y avait une seule manière d’être homme, dont on ne sait pas réellement laquelle mais laisse présager qu’il s’agit du modèle traditionnel ou encore, l’homme qui sauve son enfant alors que sa conjointe est en panique, qui, sans le vouloir sans doute, présente l’homme comme le sauveur et la femme comme l’hystérique. À cet effet, la recherche d’une politique sur la santé des hommes devrait pouvoir asseoir les interventions sur des bases plus solides. J’avoue que j’ai été aussi très déçu de la première d’un film réalisé ici sur ce qui se passe dans un groupe d’hommes : selon moi, le contenu laisse à désirer. Sincèrement, selon moi, les deux films québécois Ni rose ni bleu et Le souffle du désert sont nettement meilleurs et de loin. On pourrait inspirer les Australiens sur ce plan. Bref, il se fait un travail exceptionnel ici sur les réalités des hommes, extrêmement intéressant, mais la dimension « genre » n’est pas toujours au rendez-vous. C’est entre autres fort intéressant de voir comment diverses dimensions de la vie des hommes sont touchées : hommes âgés ou avec des limitations qui sont plus isolés, les hommes aidants naturels, le travail dans les entreprises qui emploient majoritairement des hommes, les pères, les hommes aux comportements violents, les autochtones, les immigrants, etc. Bref, les hommes dans leur globalité, le plus souvent en lien avec la famille et la communauté. C’est sans aucun doute ce que je retiens le plus. Enfin, plusieurs insistent aussi sur la nécessité d’honorer les bons coups réalisés par des hommes et non seulement les présenter comme les violents ou encore ceux qui courent des risques inutiles. Cela ressemble beaucoup à ce qu’AutoHommie tente de faire lors de ses grandes conférences et déjeuners-bénéfices : présenter des hommes qui ont réalisé des choses intéressantes, qui ont su se surpasser ou lutter pour un monde meilleur.
Sur un plan plus personnel, les rencontres avec tout ce beau monde ont été extrêmement riches. Cela m’aide énormément à nuancer mon point de vue, le raffiner davantage. J’ai aussi l’impression d’avoir développé des liens qui vont durer dans le temps. J’ai rencontré des hommes et des femmes de cœur. Les présentations que j’ai faites à ce jour (3) sur notre modèle d’intervention ont suscité beaucoup d’intérêt à chaque fois. Plus que jamais, je suis persuadé qu’on a réussi à écrire un article fort utile. C’est un modèle d’intervention qui fait école, du moins dans les pays occidentaux. Les échanges avec les professionnel-les et les étudiant-es en service social ressemblaient beaucoup à ceux que nous avons lors des formations que l’on donne au Québec. Ils et elles semblent se débattre avec à peu près les mêmes problèmes, avec autant d’intérêt que chez nous. De plus, Jeanne-Mance, « my lovely wife » comme me disaient certaines personnes, s’est jointe par la force des choses à diverses discussions. J’ai beaucoup apprécié aussi entendre son point de vue alors que l’on ne discute pas tant que cela de ces choses à la maison. Enfin, ce qui est fort intéressant aussi lorsqu’on sort des débats idéologiques, c’est de sentir que nous travaillons ensemble, hommes et femmes, professionnels et chercheurs, de divers pays, pour un monde meilleur. Ça, c’est un très bon « feeling »! Bref, j’ai l’impression que je vais m’ennuyer de l’Australie. C’est comme si en quelques semaines on a réussi à y faire un petit nid et un début de réseau social. Il y a des moments forts qui resteront marqués longtemps. Enfin, je termine cette section en remerciant particulièrement John MacDonald. C’est sans doute avec lui que j’ai eu le plus de chance d’échanger sir le plan professionnel, mais aussi sur le plan personnel. C’est un grand homme de cœur que j’admire énormément. Merci John! Merci aussi à tous ceux et celles qui ont bien voulu partager leurs idées, leurs points de vue, leur travail ou encore leur vie quotidienne avec nous, en toute simplicité et avec toute leur générosité. Merci à Bob Pease et à l’équipe de Deakin University, merci à l’équipe de professeures de l’University of Newcastle, merci à l’équipe du Men’s resources and information centre de lUniversity of Western Sydney, merci à Ian et Jane, Howard et Irene, Jennie et Collin, Brian, Kathyn et les enfants, Katie, John Byrne, Terry Melvin, Rohan et Mira, merci à notre guide d’Ayers Rock, Dominic et à tous ceux et celles que j’oublie avec qui on a pu partager en cours de route.
Enfin, Adelaide est aussi une belle ville avec un musee interessant et une superbe galerie d'art dont l'entree, dans les deux cas, est gratuite. Jeanne-Mance a aussi profite du jardin botanique dont vous pouvez admirer quelques photos.
On devrait mettre en ligne sous peu la section sur Uluru qui termine la portion australienne du voyage.
Au plaisir de lire vos commentaires et reactions.

vendredi 5 octobre 2007

Sixième evnoi: Kangourou Island


Sixième envoi : Kangourou Island

Je (Jeanne-Mance) vous partage mon petit voyage de deux jours à Kangourou Island. Moi, l’amoureuse des îles, je ne pouvais me passer de cette expérience. C’est une petite île située à deux heures de route d’Adelaide, ville de l’état de South Australia. Par la suite, nous devons prendre un bateau pour 45 minutes afin de se rendre sur l’île; agréable traversée! J’avais pris un tour organisé. C’est vraiment un tour organisé : 40 minutes à telle place, 35 minutes à telle autre, monte et descend de l’autobus. Bref, on se fait organiser. On a eu la chance d’être un petit groupe de 7 personnes. Ceci a été un aspect intéressant du voyage. Le groupe était composé de 3 australiens, 2 anglaises, 1 québécoise (devinez qui ?) et un suisse allemand. Je vous laisse tirer vos conclusions. Je m’en suis bien tirée quand même.
Tout était compris dans le forfait : les repas, le coucher, le transport, les entrées dans différents parcs nationaux. Pour 380.00 $, je trouve que ce n’est pas si cher. Notre guide, Brian, est un homme qui connaît bien sa région, l’histoire de l’île, la faune et les animaux. Par exemple, en se promenant dans un parc, il voit des traces de quelque chose. Il dit : « Il y a un walibi pas très loin d’ici ». Il se baisse et, hop! il y a un walibi tout près. À un autre moment, il voit par terre un gland fraichement croqué, encore une fois : il dit « il y a un oiseau (dont je n’ai pas retenu le nom) quelque part ». Juste à se lever la tête et on voit un magnifique oiseau sur la branche. On sentait qu’il aimait son île.
C’est également lui qui cuisinait nos repas. Cependant, dans un esprit communautaire, on mettait la main à la pâte. C’est ainsi que j’ai cuisiné le repas du lundi soir. BBQ oblige car nous sommes en Australie. C’est la cuisson préférée des Australiens. Alors au menu, il y avait pommes de terre, saucisses, steak, poitrine de poulet, oignons frits et champignons. Délicieux! et tout le monde a apprécié mes talents culinaires…!
Le lundi il ne faisait pas très chaud et nous supportions très bien nos polars. Le lendemain, alors là, 30 degrés, merveilleuse température, soleil qui surplombe, toujours un peu de vent (nous sommes sur une île quand même !). On a marché pendant ces deux jours. On ne connaît une région que quand on la marche n’est-ce pas ?
Alors voici que j’ai vu sur cette magnifique île. Nous avons visité la baie des phoques. Sur la plage, une cinquantaine de phoques se font griller au soleil. Ici, une mère avec son petit qui prend la tétée ; là, un mâle qui fait la cour à une femelle. Plus loin, un petit qui cherche sa mère, d’autres qui s’amusent à se donner des becs. Heureusement, c’est un endroit protégé. On doit y entrer seulement avec des guides afin d’éviter que les gens touchent aux phoques (car ils sont de 5 à10 pieds de nous). Avec les enfants, les guides font des ronds autour des phoques pour qu’ils comprennent bien qu’ils ne peuvent dépasser cet espace. D’ailleurs ces phoques, on les voit un peu partout sur l’île étendus sur des rochers. Mais sur cette plage, c’est vraiment exceptionnel !
Par la suite, nous sommes allés rencontrer les koalas…oui…oui… les koalas dans leur habitat naturel. Disons que c’est assez émouvant de voir ces petites bêtes qui dorment sur une seule branche parfois en ouvrant un œil pour voir c’est qui ces bibites qui les observent. Il y avait un avec son bébé mais il était trop haut perché pour bien le voir. À Sydney, j’en avais vu au zoo. Je n’ai pas pris de chance à ce moment-là, j’ai pris plusieurs photos. Mais les voir dans le bois, c’est autre chose. On s’est regardé un koala et moi en plein dans les yeux pendant au moins deux minutes. Je pense que nous nous sommes reconnus lui et moi. Je lui ai dit que j’étais venu de très loin pour le voir.
Nous avons vu quelques kangourous mais pas tant que cela même si cette île se nomme Kangourou Island. Les kangourous c’est comme les chevreuils au Québec : ils traversent la route devant nous, nous devons faire attention de ne pas les frapper. Ou encore on en retrouve morts sur le bord de la route. On en voit dans des champs à coups de dizaines. C’est fou que quand on met les choses en perspective elles prennent un autre sens !
Ensuite, j’ai vu une belle petite bête appelée echinda. Notre chauffeur aimait bien cet animal. Il a arrêté l’autobus et nous avons descendu et observé l’echinda pendant quelques minutes. J’ai vu un serpent mais il était mort… ouf…!
L’agriculture est la deuxième industrie à Kangourou Island après le tourisme. Alors, nous voyons dans les champs des moutons, des moutons et des moutons. La laine australienne est très reconnue dans le monde. Le matin, quand nous nous sommes levés, nous entendions bêler tous ces moutons. C’est un beau chant. J’ai vu des alpacas (pas très exotiques vous direz).
Autre chose magnifique : sur cette île, il y a un petit désert appelé Little Sahara. Le chauffeur nous avait fourni des sandboards. On s’est amusé comme des fous et des folles. On a ri. On est redevenu des enfants. Ce fut très chouette. Un petit brin de plage; on ne peut pas voir l’océan sans s’y mettre les pieds.A part de cela, j’ai vu des paysages magnifiques que je vous laisse admirer par vous-mêmes.
L’anecdote du voyage. Je croyais que cette ile se nommait Kangourou’s Island. C’est-à-dire en prononçant bien le S entre Kangourou et Island. Alors le soir, assis autour du feu, quelqu’un me demande « Pourquoi tu dis Kangourouze Island ?». Je réponds mais ce n’est pas comme cela qu’elle s’appelle. Non, il n’y a pas de S et le chauffer me dit : regarde sur mon autobus, il n’y a pas de S. Écrire cet anecdote n’est pas aussi drôle que de le vivre. Alors, à tout moment, il y a quelqu’un qui s’amusait à dire « Welcome to Kangourouze Island » En partant, le chauffeur m’a dit : « je n’oublierai jamais cet histoire et si tu permets elle fera partie de celles à raconter lors de mes voyages ».