mardi 21 juillet 2009

Un an plus tard

Un an plus tard
Un an plus tard nous revenons à notre blog. En fait, on profite d’un court séjour en Suède et Norvège pour continuer la réflexion entreprise l’an dernier. Mais avant de parler de ces deux pays nordiques, un petit mot sur le retour au Québec.

D’abord, soulignons que nous étions bien heureux de revoir nos proches. Nous avons eu droit à un accueil des plus chaleureux alors que nos familles et quelques amis nous attendaient à l’aéroport. Nous avions acheté deux bouteilles de champagnes à l’aéroport de Londres, histoire d’écouler les dernières devises que nous avions en main et profiter du prix intéressant. Nous avons donc sablé le champagne avec eux dans le plaisir des retrouvailles.

Nous avons passé le jour suivant à Magog et Sherbrooke, pour passer un peu de temps avec Isabelle, notre nièce et sa petite famille avant leur départ à Haïti. Puis, ce fût le retour à Québec avec Catherine, notre fille, et son conjoint Mathieu qui nous ont accompagnés. Quel plaisir de constater que la maison était impeccable. Vraiment, nos locataire qui avaient loué notre maison s’en étaient occupé à merveille. Nous avons donc pris le temps de replacer la maison comme avant notre départ, puisque plusieurs choses avaient été mises au rangement pour faire de la place à nos locataires et tenir compte qu’ils ont de jeunes enfants et préféraient qu’on enlève les choses qui pouvaient être abîmées.

Une fois l’essentiel en place, nous nous sommes mis à ouvrir les boîtes que nous avions envoyées en cours de route. Il y en avait plus d’une trentaine, pleines de souvenirs de toutes sortes. À chaque fois, pleins d’images nous venaient en tête, d’anecdotes à raconter…

L’été a passé très vite surtout que le gîte a été rempli à pleine capacité tout l’été. L’année 2008 fêtait les 400 ans de la ville de Québec. Le flot d’activités gratuites (spectacles de Paul McCartney, Céline Dion et beaucoup d’autres) a amené beaucoup de touristes d’un peu partout dans le monde Encore plein de belles rencontres. Environ 85% de la clientèle nous venait d’Europe. Les discussions nous ont souvent ramenés à notre voyage : « Nantes, le restaurant La Cigale? Bien sûr, nous y étions avec Jacques et Anne-Marie il y a une couple de mois. » « Toulouse! Oui une belle ville qu’on a visitée avec Daniel »…. Le gîte nous a permis de continuer dans nos souvenirs.

Puis ce fût le retour au travail plus régulier. Jeanne-Mance au ministère de la Santé et des Services sociaux et Gilles à l’Université Laval. Quel choc! Certes, le gîte nous avait permis d’amortir le choc, mais il était quand même là. La dure réalité de la vie quotidienne nous a vite rattrapés. De plus, nous avions été émerveillés par la chaleur humaine et la qualité des relations qu’on peut retrouver assez facilement dans les pays sous-développés. Plus encore, finie l’excitation de nouvelles découvertes à tous les jours. Il fallait reprendre le travail quotidien bien connu, sans défi particulier, du moins à première vue.

Bref, ce retour « sur terre » a été quelque peu pénible. On nous avait dit qu’une telle expérience prendrait au moins quatre à cinq mois pour nous en remettre. Effectivement, ce fut le cas. Même si nous le savions avant de partir, cela s’est avéré plus difficile que nous le pensions. Heureusement, il y a eu des projets pour nous aider. De son côté, Jeanne-Mance s’est mise à la production d’un conte pour enfants, spécialement écrit pour Manouchka et Élie, conte qui a servi à la mère Noel le soir de notre party de famille. Quant à Gilles, il a pris au sérieux l’avis de Daniel Welzer-Lang et de Steve Robertson à la fin du voyage et il s’est mis à l’œuvre pour mettre les conditions en place pour créer un réseau international de chercheurs sur les hommes et les masculinités.

En fait, malgré ce contexte de retour difficile, cela a quand même été une « grosse » année. Jeanne-Mance a changé d’équipe de travail, donc nouveaux dossiers à s’approprier, nouvelle patronne, etc., sans compter la reprise de ses activités d’évaluation dans le cadre de la Loi sur le Curateur public. Gilles est allé au Nunavik présenter le rapport de recherche, à Toronto pour un colloque sur la paternité avec un article qui a été publié depuis, il y a eu l’évaluation d’un projet d’intervention auprès des hommes en milieu de travail, la préparation de la demande de financement et les contacts nécessaires pour l’étude de la possibilité de mise en place d’un réseau international de chercheurs, et une demande de financement pour une recherche comparative entre l’Ouest canadien, l’Australie, la Grande-Bretagne et le Québec, la participation au colloque « social work with men » en Alabama, la présidence d’un comité d’élaboration d’un programme de doctorat en thérapie conjugale et familiale et le travail avec un comité pour la rédaction d’un livre sur les réalités masculines au Québec.

Outre le projet très intéressant de mise sur pied d’un réseau de chercheurs, cette année d’étude et de recherche a été pour Gilles très riche en retombées : le projet sur la détresse psychologique chez les agriculteurs (en espérant qu’il soit financé), deux articles ont été publiés avec des collègues du Canada anglais sous la direction de Steve Robertson du Royaume-Uni, il y a eu la visite de John Macdonald d’Australie chez nous à Québec, la participation au panel de l’Américan Men’s Studies Association en avril dernier, un atelier pour le colloque étudiant sur le service social international, un séminaire de l’équipe Masculinités et Société sur les cadres théoriques des équipes de recherche visitées et des expériences d’intervention auprès des hommes dans les pays visités, une conférence pour le Réseau Hommes Québec en collaboration avec AutonHommie intitulée « Voyage aux pays des masculinités ». Dans la même lignée, il vient d’y avoir ma présentation au congrès ici en Suède sur les similarités et les différences entre les pays Occidentaux et les cultures orientales dans les relations entre hommes. Enfin, un livre est toujours sur la table de travail et deux maisons d’édition sont intéressées à le publier sans compter à l’automne dans le cadre du 3e Forum sur la condition masculine organisé pour le 25e anniversaire d’AutonHommie une conférence sur un état de situation sur la santé des hommes dans le monde. Bref, une année d’étude et de recherche qui a ouvert de nombreuses portes pour les années à venir.

Autrement dit, revenir d’un périple comme nous avons fait n’est pas facile. Cette année à se promener dans 15 pays a été en fait non seulement un voyage comme on l’entend généralement mais aussi un « voyage » riche sur le plan professionnel par les contacts, les apprentissages, les nouvelles avenues qu’il a ouvert et sans doute aussi un « voyage personnel », « au fond de soi », au cours duquel on a pu apprendre beaucoup sur la vie humaine, celles des autres mais aussi sur la nôtre, comme individus, chacun de notre côté, et comme couple. Voyager, c’est passer presque tout son temps avec l’autre, du moins nettement plus que dans la vie quotidienne où on a chacun notre boulot et nos activités, et c’est aussi devoir prendre de nombreuses décisions sur de petites choses qui vont de soi dans la vie quotidienne mais qui exigent un consensus à établir lorsqu’on est en voyage, ne serait-ce que le choix d’un restaurant. Par ailleurs, ce qui aide, c’est de se donner de nouveaux défis, de nouveaux projets. Cela aide à redonner un sens au travail, et plus largement, à notre vie chez nous. Bien sûr, il y a les liens sociaux. Plus que tout, les liens avec les gens qu’on aime demeurent un fondement, Bref, ce voyage et plus qu’un voyage c’est une expérience humaine.

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