lundi 21 janvier 2008

18e envoi - La Thaïlande





































18e envoi : La Thaïlande
Outre les escales à Bangkok, nous avons visité la Thaïlande en deux temps : d’abord quatre jours à Chiang Mai, dans le nord, avant d’aller au Laos, Viêt Nam et Cambodge, puis une deuxième fois en allant sur une île au sud de Bangkok, Kho Samet et dans la capitale, Bangkok. Notre expérience dans ce pays a donc été entrecoupée, ce qui joue aussi sur l’impression générale. De plus, c’est aussi le seul pays où le hasard a fait en sorte que se sont déroulées quelques petites expériences moins agréables.

Quelques données générales
Contrairement aux trois autres pays du Sud-est asiatique que nous avons visités, la Thaïlande n’a pas connu de guerre au cours des dernières décennies. Elle a été affectée par la Deuxième grande guerre mondiale, notamment par une invasion par le Japon, mais autrement, c’est un pays qui est demeuré en paix, donc qui n’a pas à se reconstruire comme les trois pays voisins visités. Plus encore, ce pays a permis l’établissement de bases américaines sur son sol lors de la Guerre américaine au Viêt Nam, ce qui lui a amené des retombées importantes sur le plan économique. Enfin, c’est un pays qui est reconnu pour posséder des plages qui sont parmi les plus belles du monde, avec un sable d’une excellente qualité. Plusieurs stations balnéaires sont considérées comme de petits paradis terrestres, ce qui amène un grand nombre de touristes et donc des retombées économiques. Dans cette vague s’inscrit sans doute aussi un côté plus pernicieux, celui du tourisme sexuel, puisque la Thaïlande est reconnue comme l’une des premières destinations au monde en cette matière. Enfin, Bangkok est l’un des carrefours importants dans la région du sud-est asiatique, servant souvent de lieu de transit pour les transports aériens notamment et aussi comme siège de nombreux bureaux internationaux. Tout cela fait en sorte que c’est un pays relativement « riche » à côté des pays voisins, du moins ceux que nous avons visités, tout en demeurant un pays en émergence, bien sûr. On peut le constater aussi par le nombre de touristes Thaïlandais que nous avons rencontrés dans les autres pays, les habitants des pays voisins n’ayant pas suffisamment de sous pour voyager. On le voit aussi par la qualité des infrastructures (métro, etc.), par la mécanisation de la réfections des routes, par les grands édifices, etc. Cela n’empêche pas que, même si elles sont moins apparentes, on retrouve des zones de grande pauvreté. C’est le cas notamment de certaines ethnies dans le Nord du pays en particulier, mais aussi de certaines zones comme celle que nous avons vue en banlieue de Bangkok.
C’est aussi le pays parmi les quatre qui est de loin le plus « occidentalisé ». Bangkok ressemble beaucoup à une grande métropole avec ses autoroutes suspendues, les congestions automobiles, son métro et son sky train ultramodernes et ses nombreux néons. Le rythme de vie y est aussi plus rapide comparativement aux autres métropoles et capitales du Sud-est asiatique. Hormis dans les grands restaurants et hôtels chics où on retrouve des femmes habillées avec un costume traditionnel, tout le monde est habillé à peu près comme chez nous, incluant les jupes courtes, les camisoles et les décolletés pour les femmes, et le jean, bermuda ou camisole pour les hommes, même le pantalon porté à la fourche dans le cas des jeunes. Plus encore, les grandes chaînes de restaurants « fast food » s’y retrouvent (McDo, PFK, Subway, etc.) avec aussi son complément… un nombre croissant de personnes en surpoids. Cela nous a marqué de constater le nombre de personnes en surplus de poids ici comparativement aux pays voisins où le phénomène est beaucoup plus rare. Bref, c’est nettement le plus occidentalisé des pays du Sud-est asiatique que nous avons visités.

Chiang Mai
Lorsque nous disions que nous avions eu quelques petits pépins avec la Thaïlande, cela n’est pas nécessairement lié au pays. Par exemple, le premier petit pépin est venu de l’agence de voyage en Inde. Nous avions demandé un voyage en avion de Varanasi à Chiang Mai. L’agent de voyage nous avait répondu que cela ne se faisait pas, qu’il fallait acheter deux portions différentes (Varanasi-Bangkok et Bangkok-Chiang Mai) et qu’il ne pouvait assumer la deuxième. Nous avons donc acheté un billet séparé par nous-mêmes sur Internet à la dernière minute mais cela impliquait un coucher à Bangkok et donc des frais supplémentaires. Cependant, le même avion qui nous a amenés à Bangkok poursuivait sa route ensuite… à quel endroit vous pensez ? Vous avez bien deviné ! Nous avons donc dû payer inutilement le taxi pour les transferts (l’aéroport est loin de la ville) et hôtel pour repartir tôt le lendemain matin…
Chiang Mai est probablement la ville la plus touristique du Nord du pays. Elle est le point de départ du Triangle d’Or. C’est une ville relativement calme entourée de canaux. Deux cent mille personnes seulement vivent à Chiang Mai. Le samedi et surtout le dimanche soirs, la ville s’anime autour du marché, deux marchés de soir qui se ressemblent mais celui du dimanche est encore plus grand et plus animé. Les gens des villages environnants y viennent pour y vendre un peu de tout, dont leur artisanat. De 16h00 à 23h00, la foule se promène autour des multiples petits kiosques pour y négocier des achats à bas prix. C’est à voir! Mais aussi, il faut se retenir car les bas prix et les belles choses nous amènent à dépenser…
De plus, on retrouve un peu partout dans la ville de petits salons de massage où les gens se font masser les pieds, ou tout le corps (massage Thai tout habillé), tous enlignés sur des fauteuils, parfois installés à même le trottoir. C’est comme ci toute la ville se fait masser… Amusant!
Pour nous, le passage à Chiang Mai a surtout été une période de repos. L’Inde avait été fort stimulante mais aussi épuisante. Ces quatre jours de repos nous ont été profitables pour le reste de notre séjour dans l’Asie du sud-est. Nous logions dans une petite auberge de jeunesse à 10 minutes du centre-ville, donc éloignée du bruit, de la circulation, bref ce dont nous avions besoin pour refaire le plein.
Nous avons quand même payé un taxi pour aller voir le camp des éléphants et une ferme d’orchidées. Cependant, nous sommes arrivés au camp des éléphants alors que la barrière venait d’être fermée, le chauffeur de taxi s’était trompé (?) au sujet des heures d’ouverture. Vous imaginez ma (Jeanne-Mance) déception. Autre petit pépin, quoi! Le jardin d’orchidées (j’ (Gilles) en ai quelques unes à la maison) ne valait pas le déplacement. J’aurais (Jeanne-Mance) pu suivre de cours de cuisine, prendre des tours pour aller visiter des villages et bien non…on est resté sagement à l’auberge.
Kho Samet
À nouveau, il nous fallait faire un transit par Bangkok. L’hôtel n’avait pas confirmé et n’offrait pas de service pour nous prendre à l’aéroport. Sur place, tard le soir, il nous a fallu négocier le prix du taxi qui, au premier prix qui nous était donné, revenait à 10 fois le prix de ce que nous avions payé les fois précédentes. Finalement, nous avons accepté une offre d’un « tout compris », incluant une chambre d’hôtel, le déjeuner, et les transferts de l’aéroport à l’hôtel puis le lendemain vers le terminus d’autobus. La première partie s’est bien déroulée mais nous avons eu à négocier le lendemain pour aller au bon terminus d’autobus (il y en a plusieurs) pour pouvoir prendre le bus requis pour Ban Phe et de là le bateau pour Kho Samet. J’ (Gilles) ai dû me choquer mais nous y sommes arrivés. L’autobus a pris un peu plus de quatre heures (et non pas trois comme cela était annoncé), puis le bateau environ une demi-heure. Nous avions réservé une chambre dans un hôtel par Internet mais nous n’avions pas reçu de confirmation. Une fois sur place, le prix était plus du double que celui indiqué sur Internet. Mais nous avons trouvé rapidement quelque chose de très bien ailleurs à prix abordable, le Samet Green Inn, bien situé à trois minutes de la plage.
Kho Samet nous permettait aussi un peu de repos et du temps pour que Gilles se mette à jour sur le plan du travail pendant que Jeanne-Mance … relaxait à la plage (elle est en vacances, elle!). Kho Samet est une des plages les plus fréquentées par les gens de Bangkok, l’une où on retrouve un peu moins de touristes, comparativement aux principales destinations comme Phuket ou encore Kho Samui. Bien sûr, c’est très relatif. Cela a été aussi une première occasion pour nous de constater l’ampleur du tourisme sexuel, même si le nombre d’Occidentaux était limité. C’est quand même impressionnant de voir la quantité d’hommes Occidentaux accompagnés d’une belle jeune escorte Thaïlandaise surtout, quoiqu’on a pu voir quelques femmes Occidentales accompagnées d’un charmant jeune Thaïlandais. Heureusement, elles semblaient toutes être d’âge adulte.
On a aussi profité des soupers au bord de la plage avec des spectacles : chansonniers, « hommes de feu », lanternes qui montent vers le ciel, feux d’artifices. Il faut dire aussi que cela correspondait au Nouvel An Thaïlandais. Que dire de plus sur Kho Samet sinon plages, soleil, sable blanc, bonne bouffe et fermer les yeux sur le tourisme sexuel (c’est dur pour une féministe!).

Bangkok
Nous avons passé la semaine qui suit à Bangkok. Au moment où nous sommes arrivés à Bangkok, la sœur du roi venait de décéder. On a pu voir le sentiment patriotique qui habite les habitants de Bangkok. Par exemple, de grandes photos de la défunte arpentaient les rues. Le jour des funérailles les rues à proximité du Royal Palace et du Wat Pho étaient bloquées, très difficile de circuler, des rubans blancs et noirs étaient accrochés dans les principaux édifices. J’(Jeanne-Mance) ai entendu quelqu’un me dire :« La sœur de mon roi est décédée ». Plusieurs personnes s’étaient habillées en noir pour souligner l’événement. Nous nous sommes retrouvés à l’auberge de jeunesse Sukhumvit 25. Une auberge très bien, avec Internet dans la chambre, un personnel très gentil, et un très bon restaurant italien sur place dont le personnel était particulièrement sympathique. Nous avons placoté avec eux et ils nous ont fait plusieurs recommandations. Le propriétaire est un Italien installé en Thaïlande depuis 14 ans et à Bangkok depuis sept ans et sa conjointe, une Polonaise d’origine. Il parle sept langues dont le Français, c’était donc très facile pour nous d’entretenir la conversation avec lui.
D’ailleurs mon attention (Jeanne-Mance) a été attirée par le nombre de personnes Occidentales qui vivent à Bangkok. Elles semblent bien installées, bien connaître la ville et n’ont absolument pas l’allure de touristes. Tel que nous le disions plus haut, Bangkok est le siège de plusieurs organisations d’aide humanitaire, de compagnies, etc. Nous avons rencontré des gens de l’Italie qui vivent à Bangkok depuis 15 et 5 ans, une femme de la Pologne depuis 14 ans, une française depuis 9 ans. Bref, il n’est pas rare de constater cette situation.
Le soir de notre arrivée, il y avait un cours de tango dans la cour du restaurant. Nous avons donc admiré ces apprentis danseurs et danseuses, dont certains sont assez remarquables il faut le dire.
J’ (Gilles) ai profité de ce temps pour préparer ma présentation à Tokyo sur la protection de la jeunesse au Québec. J’ai aussi fait les contrôles pour les suites de la mauvaise bronchite que j’avais eue en Inde (radiographies, etc.). Je me suis donc présenté à l’un des hôpitaux recommandés par l’Ambassade du Canada. Il s’agit d’un hôpital ultramoderne, très bien équipé, matériel à la fine pointe, extrêmement propre. Le service était aussi excellent, avec un Anglais impeccable et j’aurais même pu avoir accès à un interprète pour le français si j’avais voulu. Un hôpital qui rendrait jaloux le ministre de Santé et des Services sociaux du Québec. On comprend pourquoi Bangkok est devenu une destination médicale pour des Européens et des Américains qui y trouvent des services de haut calibre à moindres frais que chez eux.
Nous avons rencontré le Dr Rutt Chuachoowong de la clinique MSM. La rencontre a eu lieu à la clinique. Il y a eu ici une anecdote assez spéciale : j’ (Gilles) avais rendez-vous avec lui et sa collègue qui fait de la recherche en sciences sociales sur le sujet à 9h00. Je me suis pointé à l’hôpital en question à 9h00 AM demandant les indications pour aller à la TUC (l’autre clinique où travaille ce médecin et qu’il m’avait dit qu’il y serait ce matin-là). J’ai demandé à quelques occasions et on m’a toujours envoyé au même endroit, qui correspond en fait (je l’ai bien su ensuite) à la clinique MSM, et non la clinique TUC. Mais comme tout est indiqué en Thaï, je ne peux que me fier au personnel de l’hôpital, même si je suis un peu sceptique. Les gens me répètent que la clinique n’ouvre qu’à 17h00 le soir mais je répète à chaque fois que j’ai bien un rendez-vous avec le médecin en question et sa collègue, l’infirmière me dit de l’attendre dans la salle d’attente. Vers 9h10, voyant qu’il n’arrivait toujours pas, je l’appelle. Pas de réponse à son bureau, j’appelle donc sur son téléphone mobile dont il m’avait donné le numéro en demandant à parler au Dr Chuachoowang. On me répond que je me suis trompé que le rendez-vous n’est pas à 9h00 AM mais bien à 9h00 PM. Je m’excuse et j’indique que je reviendrai à 9h00 PM. À 9h00 PM, je suis de retour, cette fois avec Jeanne-Mance puisque nous revenons d’une autre course ensemble. J’explique que j’ai un rendez-vous avec le Dr Chachoowang et la secrétaire me fait signe que c’est ok, comme si elle m’attendait et elle me demande d’attendre dans la salle d’attente. Quelques minutes plus tard, elle me demande d’aller à l’ordinateur pour compléter un questionnaire avant la rencontre, ce que je fais sans hésitation, un peu surpris cependant. Puis, comme 9h00 passait, je retourne au comptoir disant à la secrétaire, j’ai bien un rendez-vous avec le Dr Chuachoowang, je suis Gilles Tremblay de l’Université Laval, on doit discuter ensemble de son travail et, sur l’entre-fait, le médecin en question apparaît, se présentant et me disant qu’il est surpris car il m’attendait avec sa collègue ce matin à 9h00 AM! Je lui indique toutes mes démarches et on comprend que la personne qui a répondu sur le téléphone mobile n’était pas lui mais bien le coordonnateur clinique qui m’avait pris pour un client! Et cette personne avait inscrit mon nom dans l’ordinateur comme si j’étais un client. C’est bien pour cela que la secrétaire l’avait à l’ordinateur. Précisons que la clinique en question en est une de dépistage du VIH Sida. Bien sûr tout cela doit être mis en perspective du fait que la plupart du personnel de l’hôpital parle essentiellement Thaï et que seulement quelques personnes se débrouillent en Anglais, avec, il faut bien le dire, des ratés. J’ai alors bien apprécié que le Gouvernement Canadien fasse des recommandations qui tiennent compte de la langue, ce qui m’a permis d’être bien servi en Anglais à l’autre hôpital.
Heureusement, le Dr Chuacoowang parle un excellent Anglais. Il nous a donc expliqué le fonctionnement de la clinique qui inclut un volet dépistage anonyme (dont j’ai pu comprendre les rouages en les testant moi-même par la force des choses) et aussi tout un travail de « reaching out » par un travailleur de rue qui va dans les bars, les lieux de dragues, etc. et y fait la promotion de la clinique mais aussi le recrutement pour leur recherche. L’équipe suit 1 000 hommes (MSM) depuis deux ans. Malheureusement, 20% environ de cette cohorte est infectée du VIH depuis le début du suivi. Cette recherche ressemble de très près à la celle de la Cohorte Oméga à Montréal pour ceux et celles qui connaissent un peu la recherche sur le VIH-SIDA au Québec. L’équipe recherche activement les moyens les plus efficaces pour faire en sorte que les hommes utilisent le condom et adoptent des pratiques sexuelles sans risque. Malgré toutes les difficultés pour se rencontrer et l’heure tardive de la rencontre, l’échange a été fort intéressant. J’ai aussi complété l’information le surlendemain par une entrevue avec un homme qui fait partie de cette clientèle. Jeanne-Mance a bien ri de la situation, mais Gilles un peu moins compte-tenu que j’ai manqué la rencontre avec la chercheure.
Enfin, on a fait aussi la connaissance d’un homme assez particulier, un chauffeur de taxi et guide. Il nous a appris plein de choses sur son pays et sur Bangkok en particulier, mais surtout il nous a marqués par sa vivacité d’esprit. Cet homme achève un baccalauréat en sciences politiques qu’il suit à temps partiel tout en travaillant. Il doit sûrement très bien réussir ses études puisqu’il est très allumé. Il poursuit ces études non pas pour travailler dans ce domaine mais pour pouvoir bien connaître les pays d’où proviennent ses clients et avoir de bonnes conversations avec eux. Il faut le faire! Il adore son métier. Nous voulions souper dans un restaurant situé sur le haut d’un building (un peu comme le Condorde à Québec). Il nous a conseillé plutôt un souper sur un bateau. J’(Jeanne-Mance) ai eu l’occasion de danser avec deux Coréens sur le bateau, très bons danseurs d’ailleurs.
Il nous a conduit pour aller chercher le complet sur mesures que je (Gilles) me suis fait faire. Il faut dire que je me suis laissé tenter étant donné que ce genre d’habit ce vend peut-être 10 fois plus cher chez nous. Imaginez : un complet trois pièces en cachemire et soie avec deux belles chemises assorties (sur mesures aussi) et une cravate pour 162$! Et la coupe est superbe et originale en plus! Après cela, nous sommes allés souper sur un bateau qui se promène sur la rivière près du Wat Phô, du Dawn Temple et du Royal Palace avec buffet agrémenté par une chansonnière.
J’(Jeanne-Mance) ai suivi des cours de cuisine thailandaise à l’école de cuisine Bai Pai. Nous n’étions que six élèves. Quel plaisir! J’ai rencontré là deux personnes de Londres qui opère un restaurant. Nous irons sûrement prendre une bouffe à ce restaurant à Londres. Sa conjointe ne cuisine absolument pas et elle n’aime pas cela et ne veut pas apprendre. Elle était là pour accompagner son mari qui lui, adore la cuisine. Un autre de l’Afrique du Sud qui, comme « par hasard », demeure dans une ville que nous visiterons. Il nous a fortement invités à le contacter. J’ai peu échangé avec les deux autres personnes. Nous avons cuisiné quatre plats mais malheureusement pas de dessert thailandais.
Autre activité pour Jeanne-Mance : la visite du Tiger Temple. Ces moines élèvent des tigres. Ce monastère est situé assez loin de Bangkok (trois heures en autobus) et un peu isolé. Il y a 20 ans, deux tigres et un bébé tigre ont été trouvés. Un chasseur a tué les deux parents. Un villageois a amené le bébé chez les moines pour en prendre soin. Ce qui fut fait. Par la suite, la population, voyant le succès de l’élevage amenait divers animaux chez ces moines. C’est ainsi que nous retrouvons des vaches, des chevreuils, des cochons, un ours noir (oui, oui, oui : un ours noir!), des coqs et des….tigres qui sont maintenant au nombre de 24. Il y avait quatre bébés tigres de seulement 15 jours nés d’une même portée. Fait assez rare semble-t-il. Cette place est devenue un attrait touristique. On peut prendre des photos avec un tigre de quatre mois seulement et des tigres adultes. Le tout est sous haute surveillance car il n’en demeure pas moins qu’ils sont des animaux sauvages. Par exemple, pour prendre les photos avec les tigres adultes, nous formons une grande ligne et les consignes sont très claires. On vient nous chercher un par un par la main après nous avoir dépouillés de nos lunettes, nos bouteilles d’eau, nos sacs à dos. Ce sont les guides qui prennent les photos (sans flash) et, par la suite, on nous ramène hors de danger. J’oubliais de vous dire que le rouge est la couleur à ne pas porter lorsque nous visitons les tigres. À ce moment, je pensais beaucoup à mes deux petits enfants, Manou et Élie, à qui je dédie cette visite.
J’ai (Jeanne-mance) également visité le marché flottant. C’est carrément des gens en bateau qui vendent leurs produits de toutes sortes allant des fruits et des poissons, aux chapeaux et plats préparés. Très joli à voir!
Nous sommes restés une semaine à Bangkok. C’est très intéressant de s’implanter, de s’accrocher les pieds quelque part. Nous avons le temps de jaser avec les gens, de prendre notre déjeuner à la même place, de se faire dire « votre mari est parti » ou encore « où est votre femme? ». C’est comme si on fait partie du coin, du quartier.

Commentaires sur les hommes en Thaïlande
Comme pour les autres pays, nous tenons à relativiser nos commentaires. Notre séjour en Thaïlande a été court, divisé en deux en plus, le nombre d’entrevues réalisées a été très limité malheureusement et un seul chercheur a été rencontré, et ses recherches portent sur un aspect très spécifique. J’ (Gilles) ai trouvé quelques articles sur Internet qui alimentent aussi la réflexion, mais cela ne constitue pas pour autant une recherche exhaustive sur le sujet.
Comme le dit si bien un document trouvé sur Internet, la Thaïlande est à la fois un pays conservateur et moderne sur le plan des valeurs et de la culture (Thaï Family, non daté). Sans doute aussi que les valeurs dites « modernes », occidentales devrions-nous dire, gagnent rapidement en importance dans ce pays en développement accéléré, surtout dans la capitale, Bangkok. Ainsi, les hommes occupent toujours le premier rang dans cette société bouddhiste, même si les femmes sont de plus en plus présentes dans toutes les sphères et que le gouvernement fait des efforts pour favoriser qu’elles aient le même statut que les hommes et qu’elles soient de plus en plus présentes aux diverses instances de décision de l’appareil gouvernemental, notamment à la Chambre des représentants. Cela demeure où société où on s’attend que l’homme travaille et fasse vivre sa famille, selon le mode plus traditionnel. Les tâches ménagères et les soins des enfants demeurent sous la responsabilité des femmes quoique, de nos jours, « plusieurs hommes aident aux tâches ménagères » (traduction libre, Thaï Family). Sur le plan légal, ce n’est que récemment que les femmes ont le droit de demander le divorce alors que c’était le cas déjà pour les hommes bien avant. Il a eu un débat en 2007 sur le viol conjugal qui a mené à une loi en cette matière car une femme ne pouvait poursuivre son mari en cette matière auparavant, cela étant encore perçu comme « une expression d’amour ». Autre preuve de l’avancement de la condition des femmes, elles forment maintenant 50% de la population étudiante universitaire.
Un proverbe thaïlandais dit que les hommes sont comme les jambes avant d’un éléphant et les femmes les jambes arrière, marquant ainsi que c’est à l’homme de décider et à la femme de suivre. Les hommes Thaïlandais sont réputés aimer se retrouver entre amis (le masculin est ici important) ou collègues, prendre un verre, rencontrer les travailleuses du sexe et rentrer tard à la maison, ce qui serait l’une des plaintes les plus importantes de leurs conjointes d’ailleurs. Plusieurs Thaïlandaises préfèreraient se marier avec un étranger pour deux raisons : les Occidentaux sont réputés être plus romantiques, plus attentifs à leurs conjointes et plus présents à leurs familles que les hommes Thaïlandais et aussi, il faut bien le dire, ils ont souvent plus d’argent. Un homme rencontré nous a raconté qu’il s’était fiancé il y a quelques années, mais que sa future conjointe a décidé de le laisser pour un étranger ayant deux fois son âge. Il considère que les hommes Thaïlandais avec leurs revenus moindres ne peuvent compétitionner avec les étrangers sur ce plan et il fait maintenant le deuil d’une vie conjugale. Sur le site Thaï Family, on rapporte une enquête de 2001 sur la polygamie qui indique que ce sont surtout des hommes d’affaires qui entretiennent une deuxième femme (parfois plus que deux). L’étude rapporte, semble-t-il, que ce sont surtout des jeunes femmes de 20 à 30 ans marquées par l’insécurité, même si elles ont souvent un cours collégial. La peur du SIDA ferait en sorte que les hommes préfèreraient avoir une amante stable que d’aller voir les prostituées. Cependant, le même texte dit que le nombre de bordels typiquement pour les Thaïlandais serait en hausse (Thaï Family). Il semble d’ailleurs qu’ « un garçon de 15 ans n’est considéré « un vrai homme » que lorsqu’il a visité une travailleuse du sexe » (traduction libre de Hata, 1995 dans Zoll, non daté). Notons que le gouvernement estime qu’il y a 60 à 70 nouvelles infections au VIH par jour (Pusaksrikit & Barnes, 2004), il y a donc de quoi s’inquiéter à ce sujet. Il semble que, malgré tout, les campagnes pour le port du condom marque des pas dans ce pays, notamment parce qu’elles ont su s’adapter à la culture locale en intégrant la notion de plaisir qui prend ici une grande place semble-t-il et qui est appelé « sanuk » (McAndrew, 2000).
Sur le plan de la santé, les Thaïlandais se portent relativement bien comparativement à leurs voisins. L’espérance de vie pour un homme est de 70 ans et elle est de 74 ans pour une femme. L’usage de la cigarette est nettement un phénomène masculin puisqu’il demeure mal vu dans les pays bouddhistes qu’une femme fume. Selon la Oncological (cancer) Society of Thailand, le cancer du poumon (principalement causé par l’usage de la cigarette) tue en moyenne 19 Thaïlandais par jour (Pusaksrikit & Barnes, 2004). Dès l’adolescence, les garçons apprennent à consommer de l’alcool, de telle sorte que la Thai Health Promotion Foundation estime que 1,06 millions de garçons (moins de 18 ans) consomment de l’alcool régulièrement. Un peu comme au Québec, le problème serait en hausse rapide chez les filles (Pusaksrikit & Barnes, 2004), tout en demeurant une réalité nettement moins présente que chez les garçons. L’alcoolisme serait en hausse majeure chez les hommes en général d’ailleurs (Assanangkornchai, Saunders & Conigrave, 2000). La Thaïlande présente aussi un haut taux d’accidents de la route, dont l’une des premières causes serait la conduite en état d’ébriété, les hommes sont, bien sûr, surreprésentés dans ce domaine.
Un peu comme dans les pays voisins, on retrouve, de manière encore plus visible, des katoeys, ou lady-boys comme on les appelle en Anglais. Ils ou elles (certaines de ces personnes fonctionnent un peu plus en hommes et d’autres nettement en femmes) sont, à première vue, bien intégrés dans la société. Par exemple, dans la même journée, on en a côtoyé trois qui occupaient diverses fonctions dans des commerces. On a appris par la suite, qu’il s’agit davantage d’une question de tolérance qu’une réelle acceptation ou intégration. Le Bouddhisme, faut-il le rappeler, est une religion qui insiste sur l’importance de la tolérance. On retrouve aussi toute une panoplie de styles chez les hommes. Par exemple, sans que ce soit un très grand nombre, il n’est pas rare de voir certains maquillés ou encore avec du fond de teint pour se pâlir la peau. À Bangkok en particulier, les boutiques de vêtements pour hommes sont nombreuses. Il faut dire aussi que le prix d’un habit sur mesures ne se compare pas à ce qu’on voit au Québec. Il en coûte environ 9 à 10 fois moins pour un habit de grande qualité. Parmi les quatre pays du Sud-est asiatique que nous avons visité, la Thaïlande est sans doute le pays où l’homosexualité est la mieux acceptée. Bien sûr, il ne s’agit pas d’expression ouverte, tout demeure relativement discret, quoique, parfois, surtout à la plage, avec des étrangers, des comportements un peu plus évidents, comme cela l’est aussi pour les femmes qui se tiennent avec des étrangers. Selon le Dr Chuachoowong, plusieurs des hommes que l’on voit ainsi avec des étrangers sont en fait des hommes qui mènent une vie hétérosexuelle et qui deviennent travailleurs du sexe pour y récolter des sous. En parallèle, nous dit-il, les hommes homosexuels des régions ont tendance à émigrer vers Bangkok pour ne pas que leur famille soit au courant alors que ceux de Bangkok auraient tendance à s’en aller vivre dans d’autres grandes villes comme Singapore. Mais il semble bien que peu à peu une communauté gaie s’organise de telle sorte qu’il y a maintenant deux associations actives à Bangkok. L’équipe qui travaille en prévention du VIH auprès de cette clientèle doit travailler fort pour les rejoindre (Jommaroeng & Kanggarnrua, 2004). Ces efforts marquent des points importants puisqu’elle a réussi, de concert avec les organismes du milieu gai, à recruter une cohorte de 1000 hommes à Bangkok et les environs qu’elle suit depuis deux ans. Malheureusement, un groupe important (20% environ) est maintenant infecté (Chuachoowong, entretien personnel 2008).
Sur le plan de la demande d’aide, un peu comme chez nous, les hommes demandent moins souvent d’aide que les femmes et arrivent plus souvent à la dernière minute présentant une symptomatologie plus sévère. Il faut dire que, de manière générale, la culture (et aussi le manque de sous) fait en sorte que les gens attentent plus tard ou tentent davantage de corriger la situation par eux-mêmes avant de consulter. Mais il demeure que moins d’hommes que de femmes (18% c. 23%) utilisent les centres de santé, les femmes se présentent d’abord à une clinique alors que les hommes se rendent souvent directement à l’urgence de l’hôpital (Semsri, Pummanpuen & Panya-Ngam, daté en Thaï).

Quelques notes sur le tourisme dans le Sud-est asiatique
Le Laos et le Cambodge ont signé des ententes de collaboration sur le plan du tourisme. Il s’agit de deux pays très pauvres pour qui le tourisme représente une source de revenu importante. Dans les deux cas, les pays visent un tourisme responsable. C’est intéressant de voir par exemple une promotion contre le tourisme sexuel qui exploite les enfants. On voit à Phnom Penh des affiches sur les tuk-tuks, des dépliants dans les hôtels, bref, on sent une volonté de dénoncer et d’arrêter ce fléau. Ces pays sont aussi très actifs dans la lutte au trafic de femmes. Aussi, il y a toute une organisation pour favoriser l’éco-tourisme et le tourisme responsable. C’était plus évident à Luang Prabang, mais c’était aussi présent à Phnom Penh et à Siem Reap. Notamment des coopératives artisanales de femmes ou encore de personnes handicapées sont mises sur pied, on voit des tours organisés qui s’assurent qu’une part importante des bénéfices revienne aux villages impliqués, on a déjà parlé des restaurants Friends International, mais aussi des musiciens handicapés à la suite des bombes anti-personnelles regroupés en coopérative pour produire des spectacles et cd. Bref, des aspects très positifs.
Cela n’empêche pas bien sûr, de voir parfois, un homme occidental, souvent d’âge mur, accompagné d’une jeune femme locale qui lui sert de « guide » personnel pour ne pas dire d’escorte. Parfois, c’est une femme occidentale avec un jeune homme local. D’autres fois, c’est un homme d’âge mûr avec un jeune homme local. Cela est plus particulièrement visible en Thaïlande comme on en a parlé plus haut, mais c’est aussi présent dans les autres pays du Sud-est asiatique. La différence de couleur de peau rend sans doute la chose plus évidente. Mais au moins quand cela se fait entre adultes, c’est déjà ça. À ce propos, lorsqu’on aime bien recevoir un bon massage, disons aussi qu’il faut sans aucun doute bien distinguer le type de massage puisque, comme le souligne le Lonely Planet sur le Viêt Nam et le Routard sur le Laos et le Cambodge et la Thaïlande, il existe bien deux formes de massage ici comme d’ailleurs chez nous au Québec, soit une simple porte d’entrée cachant une offre sexuelle et le véritable massage.
Références
Assanangkornchai, S., Saunders, J.B. & Conigrave, K.M. (2000). Patterns of Drinking in Thai Men. Alcohol and Alcoholism, 35 (3) 263-269.
Jommaroeng, R & Kanggarnrua, K. (2004). Mobilizing men who have sex with men through a local community based organization to provide HIV-related programs to peers in Bangkok, Thailand. International Conference on Aids, July 11-16, Abstract TuPeE5529.
McAndrew, S. (2000). Sexual health through leadership and “sanuk” in Thailand – Letter to the Editor. British Medical Journal, July 8, 1-2.
Pusaksrikit, T. & Barnes, P. (2004). Year in review: The State of the Kingdom, by the numbers. Thailand Monitor. Bangkok: Thai World Affairs Center, Institute of Asian Studies, Chulalongkom University. Disponible sur Internet : www.ThaiHealthFacts.html
Semsri, S., Pummanpuen, S. & Panya-Ngam, P.K. (?). Gender differences in seeking health care of the poor in rural Thailand. Disponible sur Internet.
Zoll, M. (non daté). Men, Gender Equity and HIV/AIDS Prevention, with case studies from South Africa and Brazil. Document de travail pour l’UNAIDS, disponible sur Internet.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Fallait que çà arrive quelques,petits,inconvénients.Je vous suit toujours,pcq,très interressants.
xxxxlyse et bob..

Anonyme a dit…

Très intéressants vos commentaires sur la Thailande, très instructifs comme toujours, j'apprends beaucoup en vous lisant. Je demeure très impressionnée par votre expérience, vos rencontres et tout ce que vous pouvez vivre avec ces gens malgré les désagréments... Le photos donnent envie d'y être, vous êtes magnifiques tous les deux, je vous embrasse, Evelyne

Anonyme a dit…

Ceux qui te pensent en vacances, Gilles, devront se raviser. Comme le dit si bien le slogan du Village vacances Valcartier : « une pause-café (pour te lire), cé pas assez ».

Surplus de poids, décolletés, jupes courtes, camisoles, pantalons portés à la fourche…vos repères reviennent tranquillement.

J’ai d’abord été étonné de lire qu’à propos du tourisme sexuel, les occidentaux se baladent fièrement avec leur « fournisseuses de services ». L’image que j’ai de la prostitution occidentale, c’est que chez-nous, ce genre de service, se négocie « à l’acte, à l’heure ou à la soirée ». Il semble bien qu’en Thaïlande, ce soit au « séjour ». J’ai par contre lu un peu plus loin que les bordels existaient également pour, semble-t-il, la clientèle locale. À mon tour, mes repères se replacent. Malheureusement pour toi Jeanne-Mance, tant que ces dames seront convenablement vêtues, tu ne pourras intervenir.

Gilles, il serait intéressant que tu agrémentes ton prochain envoi d’une photo où on pourrait s’abreuver de ton élégance…soutenue par ton nouveau costard. Tu vas assurément faire un tabac une fois revenu à la FAC.

Jeanne-Mance, à défaut de pouvoir monter un éléphant, un câlin avec un tigre…pourquoi pas…on croirait vraiment qu’ils sont vivants (!@#$%?&*). Finalement c’est mieux ainsi car vois-tu, si les jambes avant de l’éléphant sont les hommes et que les jambes arrière sont les femmes, tu serais tombée dans la vide.

Bonne continuation!