EskisehirCe sont les contacts avec Ayse Sibel Turkum, une professeure en counseling de l’Anadolu University qui nous avaient amenés en Turquie. Sibel est travailleuse sociale et a dirigé le centre de counseling de l’université à ses débuts.

C’est le genre de personne avec qui on entre facilement en contact. C’est comme si je (Jeanne-Mance) l’avais connue depuis longtemps. Ensemble, elle et moi, nous avons discuté bouffe, couture, spiritualité et en peu de temps nous avons partagé les mêmes valeurs.
C’est une nouvelle université, créée à partir d’une division d’une autre grande université de la ville. L’université est magnifique : beau terrain bien aménagé (nous étions à la fin de l’hiver, début du printemps, donc pas vraiment dans la saison des fleurs, mais c’était déjà très beau), nombreux services dont un petit hôpital, trois « Guest Houses », garderie, écoles maternelle et primaire, cinéma etc. C’est chouette de voir le grand frère ou la grande sœur – ou son enfant- qui étudie à l’université et son petit frère ou petite sœur qui va à la maternelle. C’est une université renommée. Osge nous en avait parlé, elle y avait fait ses études et elle avait adoré son passage à cette université. C’est probablement l’université qui offre le plus de cours à distance; cette faculté des études à distance dessert plus d’un million d’étudiants.

Nous avons soupé avec l’équipe de professeurs le jour de notre arrivée, ce qui nous a bien introduits. Puis le lendemain, Mithak Bilik, le représentant du Bureau international nous a fait visiter le campus. Nous avons dîné avec lui et son collègue Firat Derin, deux hommes dans la vingtaine qui ont bien voulu contribuer à ma recherche. Par la suite, nous avons rencontré l’équipe qui travaille au service de counseling pour les étudiants.

Comme nous avions une petite pause avant la prochaine activité, nous en avons profité pour visiter le centre-ville. Toute une section du centre-ville est réservée aux piétons. C’est très joli. Jeanne-Mance a fait un peu de magasinage (sans rien acheter…) et Gilles est allé aux bains.
Nous en profitions pour ouvrir une parenthèse sur les
bains turcs appelés « hammans ». Ils sont réputés partout dans le monde, nous voulions donc les essayer. Je (Gilles) m’attendais à des bains de vapeurs très grands comme dans les films. Ce n’est pas tout à fait le cas. Le premier que nous avons visité à Istamboul est l’un des plus vieux. En tout, j’ (Gilles) en ai visité six. Celui des femmes est habituellement voisin de celui des hommes, ou parfois les hommes et les femmes sont ensemble. On entre, on se déchausse et pour enfiler des sandales de caoutchouc puis on nous amène à une petite chambrette privée ou encore une salle commune avec casiers pour se déshabiller et enfiler un paréo. Ensuite, on entre dans la salle principale des bains où se trouve une grande plaque de marbre, comme une table basse, chaude. Sur les côtés, il y a de petites salles avec des lavabos pour se laver. On se lave puis on s’étend sur la plaque chaude pour relaxer et lorsque nous sommes prêts, on se dirige vers la salle voisine pour recevoir un sablage au gant de crin et un massage très « musclé » au savon, le tout accompagné de nombreux rinçages à l’eau chaude à partir d’un petit sceau ou encore d’une grande chaudière. Puis on se lave à nouveau et on se sèche pour finir par un thé dans le petit salon. Certains bains turcs n’ont pas de plaque chaude mais une petite piscine d’eau très chaude (dans un cas je n’ai réussi qu’à tremper le gros orteil et je n’ai pas pu faire plus tellement l’eau était chaude). À noter : la nudité est proscrite pour les hommes (dans un cas c’était écrit en gros caractères) mais usuelle chez les femmes. Fin de la parenthèse.
Puis il y a eu une rencontre avec les étudiants et les étudiantes de doctorat avec qui nous avons soupé. L’échange portait sur l’intervention auprès des hommes. Le groupe était visiblement fasciné par notre modèle d’intervention. Il et elles ont apprécié ma connaissance dans le domaine et les exemples concrets apportés. Pour ma part (Jeanne-Mance), même si je connais assez bien son modèle d’intervention, je fus également très impressionnée de sa performance.
Pour finir la soirée, Sibel avait prévu une sortie au concert de piano et violon donné par deux professeurs de musique dans le cadre des fêtes pour souligner l’anniversaire de l’université.
Bref, nous avons été reçus « comme des rois », comme on dit chez nous, mais surtout des contacts chaleureux et enrichissants avec Sibel en particulier et l’équipe. Cela donne une bonne image de l’hospitalité remarquable des hommes et des femmes de ce pays. Le lendemain, nous avons pris l’autobus pour
Kapadokya avec un transfert à Ankara. Heureusement, Sibel avait tout prévu pour nous, ce qui a rendu la chose très simple parce que le terminus d’Ankara est plutôt complexe avec de multiples guichets correspondant à chaque compagnie d’autobus, elle-même responsable d’un trajet en particulier. C’est difficile à s’y retrouver pour des étrangers, mais nous avions toutes les informations en main grâce à Sibel.
KapadokyaLes Français la nomment Cappadoce. Dans la publicité on dit que «La région de Cappadoce offre

aux visiteurs les miracles de la nature qui dépassent l’imagination, en les décorant d’une grâce esthétique», et c’est vrai. La région est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il s’agit d’une région tout à fait spéciale de la Turquie avec ses roches en formes de champignons et ses maisons construites sous la terre, à même le roc. Dans certains cas, les habitations et les centres religieux étaient construits à plusieurs mètres de profondeur. Il y a des millions d’années, les montagnes de cette région (nous vous faisons grâce des noms) étaient des volcans actifs et les laves de ces
volcans se sont dispersés dans la région laissant l’aspect exceptionnel de cette région.
Nous avons logé à
Ürgüp, ville au cœur de cette région. Nous avons visité la ville souterraine de

Kaymakli qui était le refuge des Chrétiens qui ont quitté Jérusalem au 2e siècle pour se protéger des invasions, des incursions et des pillages et de la persécution des Romains. Dans ces cavernes, on y retrouvait des dépôts de provision, de sources d’eau, de cave à vin et des temples; quelques unes datent d’avant l’ère chrétienne. Il y a, parait-il, plus de mille églises et chapelles chrétiennes dans la région de Kapadokya.

Pendant que Gilles travaillait sur son rapport de recherche, Jeanne-Mance a pris un tour pour visiter quelques endroits typiques de la région.
Goreme est le centre de la croyance chrétienne. On y retrouve une quinzaine d’églises souterraines, dont le monastère des moines et celui des nonnes où vivaient, à cette époque, 300 moines et nonnes. Les gens de la ville venaient assister aux cérémonies religieuses dans les cavernes. Dans quelques-unes de ces cavernes, on y retrouve des fresques religieuses bien conservées.

C’est assez impressionnant. Pour finir notre tour, la neige… eh oui, il a neigé sur Goreme, fait assez rare en ce temps-ci de l’année. À Avanos, j’ai visité une poterie qui est

située dans une caverne. D’ailleurs, plusieurs cavernes sont transformées en hôtels, restaurants, commerces comme cette poterie. Si vous allez à Kapadokya, demander de loger dans une

cave. Pour bien conserver notre tradition, nous avons essayé les bains traditionnels de Kapadokya. Puis ce fût le retour sur Istamboul en avion. Nous avons logé dans une auberge de jeunesse dans le quartier Sultanamet. Il nous restait à préparer le départ pour le Maroc.
Commentaires sur les réalités masculines en Turquie 
Nous ne répéterons pas toutes les mises en garde qui s’appliquent ici comme ailleurs : court laps de temps dans le pays, seulement quelques entrevues, très peu d’études qui ont été réalisées sur les hommes dans ce pays, etc.
Si on tente de résumer la situation des hommes en Turquie, sans doute que la réalité géographique représente une bonne analogie. La Turquie est située à cheval entre l’Europe et l’Asie, entre l’Occident et l’Orient. Plusieurs personnes l’ont exprimé en notant que la situation est différente à l’est et à l’ouest du pays, ou encore entre le nord et le sud, aussi bien qu’entre la ville et la campagne. Bref, la Turquie est à cheval entre ce que plusieurs appellent la « modernité » et la « tradition ». Ainsi, on peut se retrouver à Istamboul par exemple, une ville moderne, où les hommes partagent plus facilement les tâches ménagères, souvent les femmes travaillent, etc., alors que d’autres milieux sont beaucoup plus conservateurs. Un homme d’Istamboul, plutôt « moderne » si on peut dire, disait qu’il s’est rendu compte de la différence lorsqu’il a fait son service militaire et s’est retrouvé à partager la vie quotidienne avec des hommes venant de tous les coins de la Turquie.

Plusieurs personnes nous ont aussi noté leurs inquiétudes concernant le gouvernement actuel plus conservateur, qui, semble-t-il, remet en question la sécularité de l’État et favoriserait que les femmes demeurent à la maison et portent le foulard islamique. Certains y voient un retour en arrière et une menace aux avancées des femmes réalisées au cours des dernières décennies, mais aussi un frein dans la démarche pour atteindre les critères pour faire partie de l’Union européenne. Dans ce débat politique se retrouve cette polarité : se rattacher à l’Europe ou au Moyen Orient.
Cette dualité (modernité / tradition; ville/campagne) se voit à plusieurs égards : par exemple, une étude sur les représentations dans les manuels scolaires met en évidence que les images et les situations dont on fait état dans ces livres sont essentiellement des représentations de la classe moyenne urbaine, d’ailleurs même plus proche du modèle européen ou nord-américain où les familles vivent dans des maisons individuelles (Ustungad, 2001). Pourtant plus de la moitié de la population du pays vit en milieu rural et la population urbaine vit habituellement dans des tours à appartements. Dans plusieurs villes, notamment Istamboul, Eskisehir et Ankara, les anciennes maisons individuelles parfois centenaires et davantage sont rasées pour laisser place à la construction de grands édifices à appartements multiples. Aussi, la population rurale est

décrite dans ces livres comme de l’époque des grands-parents, une époque qui semble dévolue, et que la modernité se trouve dans les villes. De même, les hommes sont dépeints dans ces livres scolaires en situation de pouvoir et les femmes en relations avec les tâches domestiques (Ustungad, 2001). Bref, des représentations des rôles de genre qui demeurent encore très stéréotypées. Bien sûr, cela n’empêche pas que dans les faits, la plupart des cadres dans les entreprises et la fonction publique sont des hommes et que les femmes occupent habituellement des positions subalternes lorsqu’elles sont au travail (Poyraz Dogan, 2008).
Dans la même veine, plusieurs personnes nous ont indiqué que dans la vision traditionnelle, une fille devient femme lorsqu’elle se marie. Un sondage rapporte d’ailleurs que 32% des jeunes hommes urbains pensent toujours ainsi (?, 2008). Alors que, selon cette conception traditionnelle, un garçon devient un homme après avoir fait son service militaire. Le même sondage indique que 26,3% des jeunes femmes en milieu urbain pensent ainsi en 2008. Rappelons que le service militaire est obligatoire pour tous les hommes. Il doit être accompli entre 18 et 20 ans pour une période de 15 mois mais il peut être reporté à la fin des études universitaires pour ceux qui se rendent à ce niveau. Il est alors plus court (5 mois) mais il doit cependant être réalisé avant l’âge de 30 ans. Plusieurs personnes rencontrées se sont montrées en désaccord avec le service militaire obligatoire. Habituellement, nous a-t-on dit, les gens s’attendent à ce qu’un homme se marie peu après son service militaire et les pressions vont en ce sens. On s’attend aussi à ce que le couple ait des enfants dans les quelques années qui suivent. Traditionnellement, les filles devaient tisser cinq ou six beaux tapis en prévision de leur mariage. Ces tapis constituaient une forme de dot alors que le garçon devait, pour sa part, lui offrir des bijoux en or. De nos jours, cette tradition se perd, semble-t-il, alors que de plus en plus de filles travaillent et n’ont plus le temps pour tisser des tapis. Les couples se marient plus tardivement aussi, surtout en ville, et attendent généralement d’avoir de bons emplois pour se marier. Cependant, plusieurs femmes cessent de travailler une fois qu’elles sont mariées ou encore avec l’arrivée du premier enfant, peu importe la formation suivie, de telle sorte que près des trois quarts des hommes (72,3%) occupent un emploi à l’extérieur du foyer comparativement au quart seulement chez les femmes (25,4%) (Sancar & Bulut, 2006). Il n’est donc pas surprenant que 71% des jeunes femmes et des jeunes hommes en milieu urbain pensent, en 2008, que les tâches ménagères et la cuisine sont des tâches féminines (?, 2008). Cependant, le même sondage rapporte qu’autant les jeunes hommes que les jeunes femmes considèrent l’éducation des

enfants de même que les relations avec le voisinage comme étant des tâches partagées. Cette réponse est un peu surprenante à première vue étant donné que la participation des hommes aux rencontres prénatales ou encore à la naissance de leur enfant n’est pas coutume dans ce pays. Cependant, il semble y avoir une bonne ouverture au changement sur ce plan puisque les programmes qui ont été mis sur pied, dont à Istamboul et à Izmir, auprès des hommes qui attendent un enfant semblent avoir reçu un très bon écho, particulièrement quand il y a un effort particulier qui est fait pour les rejoindre, notamment dans le milieu de travail à partir des médecins industriels (Blaney, 1997; Sahip & Molzan Turan, ?). Blaney rapporte aussi les effets positifs d’inviter les hommes aux entrevues relatives à une interruption volontaire de grossesse (IVG). Bref, ce sont là quelques rares expériences de travail plus spécifique auprès des hommes et la réponse semble avoir été positive.
Par ailleurs, l’intérêt porté à l’éducation des filles est nettement en progression. Ainsi, en 2004, si le taux d’alphabétisation chez les 15 ans et plus est de 79,6% chez les femmes et nettement plus élevé chez les hommes (95,3%), l’écart est beaucoup moindre entre les deux sexes chez les jeunes de 15 à 24 ans, soit 93,3% chez les filles comparativement à 95% chez les garçons. De plus, les filles forment maintenant 41,2% des étudiants à l’université (Sancar & Bulut, 2006). À l’Anadolu University que nous avons visitée, elles sont en majorité.
Cela donne une bonne image de la progression récente et des efforts gouvernementaux depuis les années 2000. Il faut dire que ce n’est que depuis 2002 que le Code civil a été amendé pour abolir suprématie du mari et reconnaître la pleine égalité des conjoints (Sancar & Bulut, 2006). C’est aussi à partir des années 2000, surtout en 2004, que des mesures ont été prises en matière de violence conjugale. Ainsi, une recherche effectuée en 1996 à Ankara rapportait que très peu de femmes faisaient appel à la police (1% seulement) en cas de violence conjugale parce qu’elles n’avaient pas confiance qu’elles pourraient être aidées. La recherche notait que, malheureusement, leur présupposé à cet égard était vrai (Ilkkracan, 1996). Lors d’un récent colloque sur la violence conjugale en Turquie, une conférencière notait que cette violence trouve certaines assises dans la culture turque alors que la ministre responsable indiquait que son gouvernement mettrait en place des programmes pour sensibiliser les hommes dans les mosquées et l’armée (Akyol, 2007). Il semble aussi que l’utilisation de joueurs de football pour dénoncer la violence faite aux femmes ait eu un impact (UNFPA, 2007). Il faut dire aussi qu’au cours des années 2000, le gouvernement a pris différentes positions pour interdire les « meurtres d’honneur », cette vieille pratique qui voulait qu’une femme puisse être tuée pour son comportement jugé « immoral ». Cela pouvait être d’avoir eu des relations extraconjugales, d’avoir refusé de se plier à un mariage arrangé, d’avoir demandé le divorce, ou simplement d’avoir « fleurté » avec des hommes, ou même, selon les paroles utilisées, de « s’être adonnée » (!) au viol, etc. Le meurtre était alors perpétré par un membre de la famille pour soit disant « sauver la famille de la honte » (Sancar & Bulut, 2006). Cela montre bien que la Turquie part de loin en matière d’égalité de droits entre les genres. Cependant, des groupes de défense de droits considèrent que les efforts du gouvernement demeurent limités puisque les amendements de 2004 au Code criminel permettent quand même d’invoquer le « crime d’honneur » pour obtenir une réduction de sentence, ce qui représente, bien entendu, une violation importante des droits humains, nommément ceux des femmes. Dénonçant cette situation, un regroupement de 26 ONG rapportait de plus qu’au cours de la première moitié de l’année 2004, plus de sept dossiers de « crimes d’honneur » se sont déroulés en Turquie (WWHR, 2004). Le même regroupement dénonce aussi le fait que toutes les mesures légales n’ont pas été prises pour empêcher de procéder à un « test de virginité » de telle sorte que cela peut se pratiquer (et se pratique encore semble-t-il) dans des cabinets médicaux à la demande des familles, sans le consentement explicite des femmes concernées. Cela montre aussi la pression très forte exercée sur les filles pour ne pas qu’elles aient de relations sexuelles avant le mariage. Plusieurs nous ont dit cependant que ces pratiques ont fortement tendance à changer et que les filles sont plus émancipées maintenant.
En 2005, l’espérance de vie des hommes à la naissance était de 67,3 ans, soit plus de dix ans de moins que celle des femmes établie à 77,9 ans (Sancar & Bulut, 2006). Il faut dire que c’est le pays où on a observé le plus grand nombre de fumeurs, et ce sont presque essentiellement des hommes qui fument, l’usage de la cigarette étant mal vu pour une femme. Par ailleurs, un peu comme on observe dans les pays occidentaux, les hommes sont plus réfractaires à demander de l’aide lorsqu’ils en ont besoin (Turkum, 2005).
Par ailleurs, toutes les personnes avec lesquelles nous en avons discuté nous ont dit que l’homosexualité est très cachée en Turquie. Le fait que les hommes sont très chaleureux entre eux, se prennent bras dessous bras dessous ou partagent facilement un logement ou même le lit, ne permet pas de distinguer facilement si deux hommes sont homosexuels ou hétérosexuels. D’ailleurs, un homme nous a dit que les Turcs sont beaucoup moins homophobes que les Occidentaux, mais plus hétérosexistes. Aussi, ceux qui sont homosexuels restent, nous dit-on, très discrets car l’homosexualité demeure mal vue. Une recherche réalisée à l’Université d’Istamboul rapporte que les gays dans cette ville intègrent de plus en plus une identité gaie comparable à ce qui se vit dans les pays occidentaux. On retrouve notamment une association de défense de droits, Lambda Istambul et quelques bars. Les Turcs distinguent, rapporte cette recherche, deux types d’hommes homosexuels : le type « ibne », plutôt passif et efféminé, sujet aux railleries, à la stigmatisation et au « gay bashing », et le type « kulampara », plutôt actif et masculin. Bien sûr, ce deuxième type passe plus inaperçu. Il n’en demeure pas moins que la Turquie, sur cette question comme sur d’autres d’ailleurs, se distingue des autres pays à forte concentration musulmane avec une certaine tolérance à l’homosexualité (Taylor-Martin, 2003). À ce propos, Taylor-Martin rappelle que l’un des chanteurs les plus populaires de Turquie, Bulent Ersoy, est un transsexuel et qu’un écrivain très populaire, Murathan Morgan est connu pour être homosexuel. Elle rapporte aussi un militant qui considère que les relations sexuelles entre hommes sont aussi liées au fait que les relations sexuelles avec les femmes ne sont permises, bien que cela a tendance à changer, que dans le cadre du mariage seulement. Bref, sur ce plan aussi, la Turquie se situe à cheval entre l’Occident et l’Orient : un mouvement gai émergeant en ville et une réprobation encore présente de l’homosexualité.
Plus que partout ailleurs, les hommes Turcs semblent en recherche. Lorsque nous les questionnions sur les réalités masculines, très rapidement ils nous adressaient les questions du type : Comment sont les hommes ailleurs ? Comment situez-vous les hommes Turcs ? Comme un besoin de se situer entre les deux mondes (occidental et oriental) autour desquels ils gravitent.
Il nous reste à remercier très sincèrement toutes les personnes qui nous ont accueillis généreusement et nous ont permis de saisir toute l’hospitalité typique des hommes et des femmes de la Turquie. D’abord ma collègue Sibel Turkum de l’Anadolu University d’Eskisehir et l’équipe de son département ainsi que Mithak Bilik et Firat Derin du Bureau international. Les familles Servas qui nous ont reçus : Jaki, Sercan, leur ami Gadas, et les amis en visite; de même que Tugrul et Osge, son frère, son père et son cousin.

Références
Akyol, M. (2007). Men, not women, should be ashamed of domestic violence. Turkish Daily News, December 8, 2007.
Blaney, C.L. (1997). Involving men after pregnancy. Network,17 (4). Family Health International.
The British Council – Cultural studies courses (1996). Gay identities, communities and places in the 1990s in Istambul. Istambul University. FDisponible sur Internet à www.gayidentities.html.
Ilkkaracan, P. (1996). Domestic violence and family life as experienced by Turkish immigrant women in Germany. Istambul. Women for women’s human rights reports no. 3. Disponible sur Internet.
Poyraz Dogan, Y. (2008). Male executives, female staff dominate Turkish financial scene. Sunday’s Zaman. 03-02-2008. Disponible sur Internet.
Sahip, Y. & Molzan Turan, J. (?). Education for expectant fathers in workplaces in Turkey. Journal of Biosocial Science.
Sancar, S. & Bulut, A. (2006). Turkey: Country Gender Profile. Disponible sur Internet
Ustungad, N. (2001). A review of the 1-3 grade school books in Turkey accordoing to the human rights and gender equality criteria. Istambul: Human Rights Resource Centre, Women for women’s human rights reports. Disponible sur Internet.
Taylor-Martin, S. (2003). Floridian: A city comes out. St-Petersburg Times, January 17, 2003.
Turkum, A.S. (2005). Who seeks help? Examining the differences in attitude of Turkish university students toward seeking psychological help by gender, gender roles, and help seeking experiences. The Journal of Men’s Studies., 13 (3) 389-401.
Women for Women’s Human Rights (WWHR) (2004). Shadow NGO Report on Turkey’s Fourth and Fifth combined Periodic Report to the Committee on the Elimination of Discrimination against Women. Istambul: Human Rights Resource Centre, Women for women’s human rights reports. Disponible sur Internet.
UNFPA (2007). It Takes a Country: Turkey’s Concerted Efforts to Stop Violence Against Women. Available on Internet at UNFPA News.mht.? (2008). Urban young people are exposed to violence in the family. Turkish Daily News. February 14, 2008.